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Zootographe - Blog non-officiel du Zooparc de Beauval
9 janvier 2023

Le Magot

1 (2166)Le 21/02/2015.

Nom scientifiqueMacaca sylvanus

Synonymes : Macaque de Barbarie, Macaque berbère.

Classe : Mammifères

Ordre : Primates

Famille : Cercopithécidés

Description : singe de taille moyenne, au poil de couleur ocre à brun sombre (plus foncé sur le dessus et plus clair sur le ventre), face glabre et rose à la pigmentation plus ou moins marquée selon les individus, bouche garnie de bajoues. Queue très courte et non ossifiée, parfois même absente. Fessier glabre, particulièrement gonflé chez la femelle.

Son physique s'est adapté à l'environnement rude des montagnes d'Afrique du Nord (épaississement de la fourrure en hiver et mue estivale, réduction de la longueur des doigts, quasi-disparition de la queue, allongement de la colonne vertébrale par rapport au corps qui lui permet de se maintenir "en boule" lorsqu'il recherche sa nourriture) : ces caractéristiques se retrouvent aussi chez le Macaque du Japon, qui a lui aussi colonisé un habitat montagnard souvent froid.

1 (5819)Le 15/01/2017.

Les mâles sont plus lourds et plus puissants que les femelles, leurs canines sont également plus longues.

Le nouveau-né a un poil plus sombre.

Longueur (corps) : 55 à 64 cm (mâle) ; 42 à 58 cm (femelle).

Longueur (queue) : 1 à 2,5 cm (mâle) ; 0 à 2 cm (femelle).

Poids : 9,5 à 17 kg (mâle) ; 5,2 à 11 kg (femelle).

Durée de vie : 25 ans (mâle) : 30 ans (femelle).

Aire de répartition : Afrique du Nord-Ouest (Maroc et Algérie), plusieurs populations séparées dans le Rif, le Moyen et Haut Atlas (Maroc), la Grande et la Petite Kabylie (Algérie). Introduit sur le rocher de Gibraltar, à l'extrême Sud de l'Espagne (date officielle de l'introduction : 1740 de notre ère).

Habitat : montagnes, falaises, forêts (cèdraies, chênaies et sapinières), maquis et garrigues, éboulis, du niveau de la mer à 2.600 mètres d'altitude (mais surtout en moyenne montagne, de 800 à 2.200 mètres d'altitude).

1 (25932)Le 25/05/2021.

Comportement : les Magots vivent en groupes de 10 à 100 têtes (une quarantaine en moyenne), fortement hiérarchisés. Les groupes sont matriarcaux, la hiérarchie est déterminée par la parenté de la femelle dominante, qui est une femelle âgée.

Certains mâles quittent leur groupe natal dès qu'ils atteignent l'âge adulte (= entre 5 et 8 ans), les femelles y restent (sauf en cas de scission d'un groupe en plusieurs sous-groupes). Les mâles "migrants" proviennent souvent de groupes dans lesquels la proportion de femelles apparentées (soeurs, cousines...) et d'individus adultes est la plus élevée, et préfèrent les groupes sociaux dans lesquels les mâles sont plus jeunes qu'eux-mêmes ; le moteur des migrations est l'évitement de la consanguinité plus que la compétition (les migrants ne sont ni dominés ni chassés de leur groupe natal ; ils préfèrent rejoindre des groupes dans lesquels les femelles leur sont peu apparentées). Le taux de mortalité et le succès reproductif des migrants sont proches de ceux des mâles restant dans leur groupe d'origine. Les départs ne sont pas systématiques (env. 30% des mâles dans les groupes étudiés) ; il arrive rarement que des individus effectuent une deuxième migration durant leur vie.

1 (12171)Le 24/04/2018.

Les pics de conflits interviennent pendant la période du rut. Les mâles apparentés se battent davantage entre eux que contre des mâles non apparentés.

Il arrive aux mâles de porter les petits sur leur dos, ce comportement est rare chez les singes du groupe des macaques.

Il existe aussi un comportement social particulier à cette espèce, rare chez les singes de l'Ancien Monde : un mâle adulte peut prendre un petit sur son dos ou sur ses épaules, et aller à la rencontre d'un autre mâle adulte, les deux adoptant un comportement pacifique, leur attention étant centrée sur le petit. De tels comportements "triadiques" (2 mâles et 1 petit) sont plus courants à la période des accouplements, lorsque les risques de conflits sont les plus élevés, et souvent à l'initiative de mâles de rang inférieur, ceci afin d'inhiber les pulsions d'agression.

1 (4941)Le 27/11/2016.

Tous les mâles adultes et pré-adultes établissent des relations privilégiées avec au moins un petit (qui peut ne pas leur être apparenté, ni même être celui d'une femelle avec qui ils se sont accouplés). Ces relations se font surtout avec les bébés mâles, les associations avec un bébé femelle étant très rares et limitées à ceux des femelles les plus dominantes.

Les mâles forment souvent des coalitions entre eux pour s'occuper des petits. Ils en forment plus souvent quand ils sont de parenté proche.

L'association d'un petit avec un mâle adulte semble ne rien apporter aux nouveaux-nés (mais davantage aux adultes) ; néanmoins, la relation privilégiée devient utile pour le jeune quand il grandit.

Ce comportement reste un facteur de socialisation et de régulation des conflits important parmi les mâles : il arrive que certains d'entre eux portent des bébés déjà morts, et même des souches calcinées ayant grossièrement l'aspect et le gabarit d'un petit.

Les femelles observent, elles aussi, des rapports hiérarchiques quant à l'accès aux petits : celles de haut rang peuvent plus facilement s'en occuper que les femelles de statut inférieur.

Les Magots s'épouillent fréquemment : ce comportement tend aussi à réduire le niveau de stress général.

Parfois, deux groupes partagent des territoires proches : leur rencontre aboutit souvent au déplacement de l'un d'entre eux, ou bien à un conflit, ce qui peut s'expliquer par une compétition pour des ressources. L'on n'a pas observé d'unification ou de coordination claire entre 2 groupes distincts (toutefois des sous-groupes peuvent temporairement se réunifier, jusqu'à ce qu'ils atteignent une taille trop grande, poussant à leur éclatement définitif).

Les risques de séparation de groupes sont les plus élevés au moment des accouplements, et moindres à la saison des naissances. La scission de groupes se fait souvent à l'initiative des femelles (celles-ci rejointes par les mâles, qui préfèrent les sous-groupes comptant le moins de femelles qui leur sont apparentées), pour des raisons d'accès aux ressources ou de mixité génétique (éviter la consanguinité). Le sex-ratio des adultes est généralement comparable dans tous les sous-groupes issus d'une séparation.

Les Magots émettent des cris d'alarme en cas de danger, ils crient aussi pour se signaler face à d'autres groupes. Les petits émettent également des cris ; les femelles sont capables de reconnaître individuellement les cris de leur enfant.

Les Magots s'expriment au moyen de mimiques, par exemple une bouche ouverte est un signe de jeu chez les juvéniles.

La densité des Magots est d'environ 40 à 70 animaux par kilomètre carré quand l'habitat est favorable, mais cette densité est rarement atteinte de nos jours à cause du déclin de l'espèce (voir "Menaces et protection").

En milieu naturel, les individus immatures représentent environ 47% de la population, le taux de natalité des femelles adultes est de 0,58 petit par an. La mortalité est assez basse chez toutes les classes d'âge, même dans des milieux dégradés.

Le comportement (reproduction, alimentation, recherche de nourriture... et même mode de déplacement) varie notablement selon les saisons et les environnements, preuve d'une certaine capacité d'adaptation de l'espèce.

D'après des études menées dans les régions d'Akfadou et de Djurdjura (Algérie), le temps consacré à la recherche de nourriture est maximal au début du printemps (5 heures par jour) et se réduit au début de l'été (de 1,6 à 2,7 heures par jour), période consacrée à l'élevage des nouveaux-nés et des interactions sociales qui leur sont associées (cf. ci-dessus). Toutefois les mâles adultes passent plus de temps à se nourrir et moins aux interactions sociales.

Ils ont un grand nombre de prédateurs, dont certains tels le Léopard du Maghreb sont au bord de l'extinction ; les Chiens domestiques demeurent un danger bien réel. Enfin l'Aigle royal peut capturer des jeunes de temps à autre.

1 (12199)Le 24/04/2018.

Alimentation : omnivore vrai, se nourrit de toute une série de matières végétales et animales : fleurs, fruits, graines, pousses, glands, cônes, feuilles, bourgeons, écorces, gommes, aiguilles, champignons, racines, bulbes, céréales, escargots, lombrics, insectes (sauterelles, termites, gerris, cochenilles, coléoptères, papillons, fourmis), scorpions, araignées, mille-pattes, amphibiens.

Le régime alimentaire varie au long de l'année en fonction de la disponibilité des aliments.

S'il habite près de campagnes ou de jardins, il peut se nourrir de plantes cultivées par l'Homme telles que des fruits, des légumes ou des céréales.

Reproduction : les femelles atteignent la maturité sexuelle entre 3,5 et 4 ans, les mâles entre 4,5 et 7 ans. L'intervalle entre 2 naissances est d'environ 1,3 ans.

L'arrière-train des femelles gonfle démesurément pendant la période des chaleurs.

Les accouplements ont lieu de novembre à mars. La gestation dure 5 mois et demi, les naissances ont lieu entre avril et mi-juillet mais surtout en mai. Cette saisonnalité des périodes d'accouplement est rare chez les macaques (mais elle peut s'expliquer par des contraintes climatiques, inexistantes chez les espèces tropicales). Elle fait aussi que de nombreux mâles peuvent prétendre à l'accouplement indépendamment de leur rang social (et même de leur âge), toutes les femelles étant fécondes en même temps et pouvant s'accoupler avec plusieurs mâles, fait rare chez les primates. Ces comportements "polyandres" réduisent la probabilité de paternité chez les mâles, ce qui peut les amener à s'occuper des jeunes quel que soit le père.

Les mâles essaient toutefois de se réserver un accès privilégié aux femelles pendant la période de fertilité, pouvant entrer en compétition sinon en conflit entre eux. Toutefois les mâles vont rarement jusqu'à imposer un accès exclusif aux femelles, cette stratégie étant coûteuse et diminuant les chances globales de s'accoupler et de transmettre leurs gènes.

Il y a en général un petit unique par portée, rarement des jumeaux.

La maturité sexuelle a lieu à l'âge de 3 ou 4 ans.

La fécondité est plus importante chez les jeunes femelles et décroît lorsqu'elles vieillissent, avec un intervalle de plus en plus long entre les naissances et une ménopause atteinte vers l'âge de 30 ans. Néanmoins, le taux de survie des jeunes nés de mères âgées est plus important. Les mères âgées sèvrent leurs petits plus tard que les jeunes mères.

1 (3739)Un jeune, le 10/04/2016.

Statut IUCN : en danger

Menaces et protection : cette espèce est considérée "en danger" depuis 2008 à cause de son déclin dans son habitat naturel, pour diverses raisons (avec une intensité variable d'un pays et d'une région à l'autre) : destruction et fragmentation des forêts (celles-ci constituant les menaces les plus lourdes), surpâturage, capture (aux fins d'être vendu comme animal de compagnie : il est estimé qu'environ 300 bébés Magots sont capturés chaque année au Maroc pour être commercialisés, le plus souvent à l'étranger), persécution comme ravageur des cultures et des plantations forestières, prédation par les chiens errants, captage et pollution des sources, mais aussi nourrissage inapproprié (avec des aliments trop salés ou sucrés) et stress causés par les habitants locaux et les touristes même "bienveillants".

Ce primate a vraisemblablement reculé vers les montagnes depuis des temps anciens (Antiquité) sous l'effet de la pression humaine. Il était connu aux temps antiques depuis le Maroc jusqu'à la Libye ; vers -450 avant Jésus-Christ, l'historien Hérodote le mentionnait dans la faune de l'actuelle Tunisie, d'où il a disparu depuis.

Les effectifs sont estimés entre 6.000 et 10.000 têtes au Maroc, quelques milliers en Algérie (env. 5.500 selon une estimation de 1977, pas d'estimation récente très précise pour ce pays à cause de l'instabilité politique qui prévaut dans certaines régions depuis les années 1990) et 300 sur le rocher de Gibraltar (population en augmentation, partiellement protégée dans la réserve naturelle d'Upper Rock).

Depuis 2017, elle est classée à l'annexe I de la Convention de Washington (CITES), ce qui signifie que son commerce international est désormais interdit (jusqu'à lors, il était "seulement" réglementé).

Des initiatives sont mises en place au Maroc et en Algérie par des associations locales, en collaboration avec les services policiers, douaniers, les parcs nationaux et les établissements de recherche scientifique pour sauvegarder l'espèce et faire évoluer la perception des populations humaines locales envers elle.

Le Zooparc de Beauval soutient un de ces programmes, mené au Maroc avec l'association BMAC. En août 2022, alors que des incendies ravageaient le Maroc (et de nombreux autres pays autour de la Méditerranée), une collecte a été organisée par le Zooparc pour sauver les Magots victimes des incendies et aider les villages détruits de la forêt de Bouachem.

Certaines ONG mènent aussi des actions en Europe pour dissuader les acheteurs potentiels et former les fonctionnaires des douanes (particulièrement en Espagne, qui est une "porte d'entrée" du trafic de primates en provenance du Maghreb).

Les colonies de Magots sont également vues comme une attraction touristique en certains lieux, où la population les protège en tant que source de revenus.

Enfin, le Magot joue un rôle positif en réduisant les proliférations de certaines espèces nuisibles ou invasives d'insectes et de plantes, et en disséminant des graines variées à travers les forêts.

Les Magots sont élevés avec succès dans un très grand nombre de parcs zoologiques et animaliers : rien qu'en Europe, 152 parcs en présentent (données Zootierliste, janv. 2023) dont 22 en France.

1 (15494)Le 13/01/2019.

Au Zooparc de Beauval : un groupe important (env. 35 à 40 têtes) vit dans un grand enclos de la singerie "historique" agrémenté de nombreuses structures, rénovées au cours de l'hiver 2017-2018, puis une nouvelle fois durant l'hiver 2022-2023. En juillet 2016, une partie du groupe (17 animaux) a été transférée vers le nouveau parc de la "Terre de Singes" aménagé en extension du Parc des Félins, en Seine-et-Marne. Reproduction : naissances très régulières :

  • 5 en 2009 ;
  • 5 en juin 2010 ;
  • 2 en juin 2011 ;
  • 3 en 2013 ;
  • 4 en juin 2014 ;
  • plusieurs en 2015 ;
  • 1 femelle ("ASMA") le 09/06/2016 et 1 mâle ("ALHAN") le 20/07/2016 ;
  • 1 le 27/06 et 1 le 08/07/2017 ;
  • 1 (mort en bas âge) en début d'été 2020 ;
  • 1 (GROOTS) le 10/07/2020 ;
  • 1 le 30/05/2022, puis 1 à l'été 2022.

Le savez-vous ?

  • c'est le seul Macaque présent sur le continent africain (toutes les autres espèces étant asiatiques), et également le seul primate d'Europe... en-dehors de l'Homme ! C'est aussi le seul singe africain présent au Nord du Sahara à l'heure actuelle ;
  • bien qu'il soit connu comme une espèce africaine et (très marginalement) sud-européenne à l'époque actuelle, il était bien plus répandu sur le continent européen aux temps préhistoriques : en 2019, des vestiges de dents de Magot vieilles d'environ 120.000 ans ont été trouvés... près de Rotterdam aux Pays-Bas ! On en a aussi trouvé des vestiges dans le Sud de l'Angleterre, en Allemagne et sur les bords de la Mer Noire ;
  • il était bien connu des auteurs antiques gréco-romains, qui avaient connu l'espèce, à l'état sauvage ou captif, dans le bassin méditerranéen ;
  • sur le continent africain, les souches marocaines et algériennes, proches en apparence, semblent s'être séparées il y a très longtemps (-1,6 million d'années) bien que l'action humaine ait conduit à un certain brassage entre les deux souches par le jeu d'introductions délibérées ou accidentelles (d'après des analyses génétiques, les populations du Rif marocain semblent avoir été introduites à partir d'animaux de souche algérienne...).
  • son espèce semble être la plus proche des formes originelles de Macaques, qui étaient africaines (il y a 5,5 millions d'années) ; les espèces asiatiques, actuellement beaucoup plus nombreuses, ont davantage divergé (voir aussi l'article consacré au Macaque ouandérou, originaire de l'Inde et également présent à Beauval) ;
  • c'est aussi un des rares primates (avec le Macaque du Japon et quelques autres) à s'être adapté à des climats froids, où le gel et la neige ne sont pas rares en hiver ;
  • sa coloration varie selon la saison et l'âge ;
  • les savants antiques, grecs et romains, pratiquaient la dissection de Magots alors qu'ils n'en faisaient pas sur les êtres humains, pour des raisons de tabou culturel. En conséquence plusieurs erreurs concernant la connaissance de l'anatomie humaine se sont transmises pendant des siècles, le corps d'un Magot n'étant pas la réplique exacte de celle d'un Hominidé (Homme, mais aussi Gorille, Chimpanzé...) ;
  • dès l'Antiquité, des Magots exportés d'Afrique étaient offerts comme cadeaux diplomatiques aux rois et chefs de tribus, des vestiges de Magots trouvés sur des sites datant du Ier millénaire avant Jésus-Christ ont été trouvés jusqu'en Angleterre, en Irlande et au Luxembourg.
  • sur le rocher de Gibraltar, la célèbre population de Magots a probablement été introduite par les Arabes au Moyen Âge, avec des apports ultérieurs lorsque la population déclinait. L'un d'eux a été ordonné par Winston Churchill durant la Seconde Guerre Mondiale.

1 (14188)Le 25/10/2018.

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