Le Tigre blanc (II)

13 février 2024

Statut IUCN : en danger (cette catégorie s'applique à l'espèce "Tigre" et non au Tigre blanc en tant que tel, qui n'a pas de populations stables dans la nature)

Menaces et protection : aucune population de Tigres blancs n'est à ce jour connue dans la nature, bien que des spécimens apparaissent occasionnellement (voir ci-dessous). Il est probable que les spécimens de Tigre blanc observés dans la nature aient constitué une cible de choix pour les chasseurs, et qu'ils aient été moins aptes à la survie que les Tigres au pelage roux (hypothèses possibles mais non vérifiées par des observations en milieu naturel).

De nos jours la totalité de la population connue (dont 600 en Europe et une centaine en Inde) vit en captivité.

Le premier parc zoologique européen à en avoir eu est le Zoo de Bristol (Angleterre) qui en acquit dès 1963. En France c'est le Zooparc de Beauval qui a été le premier à en avoir (cf. ci-dessous) : aujourd'hui plusieurs zoos français en ont et en reproduisent (Bordeaux-Pessac, CERZA, Parc des Félins, Amnéville, etc...), de même que d'autres grands zoos d'Europe comme Pairi Daiza en Belgique.

Les Tigres blancs ne présentent pas d'intérêt direct en termes de conservation, sinon pour susciter la curiosité du public et le sensibiliser à la protection des Tigres en général.

Le Tigre du Bengale (Panthera tigris tigris) est une espèce protégée en Inde, où vivent environ 2.000 individus, surtout dans des parcs et réserves. Plusieurs centaines vivent aussi dans les régions adjacentes du Népal, du Bhoutan, du Bangladesh, de Chine et probablement de Birmanie.

Tous les Tigres sont classés à l'annexe I de la convention de Washington ou CITES, ce qui signifie que le commerce international de ces animaux, vivants ou morts, ainsi que des parties d'animaux (peaux, etc...) est interdit.

SHERKAN, le 15/01/2017.

CHILI, le 20/10/2014.

Au Zooparc de Beauval : le Zooparc a accueilli ses premiers Tigres blancs en 1991 avec un couple, GORBY et RAÏSSA importés d'un élevage privé de Floride (et qui devaient initialement être offerts en cadeau diplomatique à l'URSS par le président des Etats-Unis !!!). A l'époque ils étaient uniques en France et ont largement contribué au succès et à la renommée du Zooparc dans les années 1990. Plus récemment, il a présenté un autre couple (constitué de la femelle CHILI -arrivée en 2004- et du mâle SHERKAN -né au Touroparc dans la région lyonnaise le 03/06/2002 et arrivé à Beauval le 24/04/2004-) pendant de nombreuses années. CHILI est décédée d'une tumeur à l'âge de 14 ans (c'est un âge assez conséquent pour un tigre) au début 2015, elle a été remplacée par une jeune femelle, ASHA, née au Parc des Félins (Île-de-France). SHERKAN est mort encore plus vieux le 09/09/2020, il était alors atteint d'arthrose.

SHERKAN, le 15/01/2017.

Un nouveau couple, composé du mâle JAIPUR et de la femelle SHIVA, est arrivé à Beauval en novembre 2017, en provenance du Serengeti-Park d'Hodenhagen (Allemagne) ; JAIPUR est né au Zoo d'Amnéville (Lorraine). Les Tigres blancs de Beauval occupent un ou plusieurs enclos de la fauverie, en fonction des naissances et des transferts. Au 1er semestre 2021, ce couple a intégré l'ancien enclos de SHERKAN et ASHA (leur fille SUSHI partage le second enclos avec ASHA, jusqu'en juin 2023 où ASHA a été transférée dans les quartiers des Panthères de Perse, je ne sais pas si elle y est toujours). Reproduction : oui, de nombreuses portées sont nées à Beauval avec (liste non-exhaustive, surtout pour les années 1990 et 2000) :

1 femelle (KATHARINA) en mai 1992, puis 1 mâle (IGOR) en sept. 1992 ;
3 femelles (IRINA, OLGA et HELENA) en 1994 ;
2 en 2007 ;
4 (1 mâle et 3 femelles) nés le 03/03/2008 ;
5 (2 mâles - IVAN et TOMEK - et 3 femelles - MAYA, THALIE et SARAH -) nés le 03/06/2009 ;
4 le 26/02/2011 ;
4 (1 mâle et 3 femelles) le 26/01/2013, les petits ont été transférés dans d'autres parcs zoologiques fin 2013-début 2014 ;
une portée (issue de SHERKAN et ASHA, dont c'était les premiers petits) est née le 18/06/2016 mais n'a pas survécu au-delà de quelques jours ;
1 jeune non viable (toujours issu de SHERKAN et ASHA) dans le courant de l'automne 2017 ;
1 femelle (SUSHI), fille de JAIPUR et SHIVA, née le 26/04/2018 (seule survivante d'une portée de 3) ;
1 jeune non viable (toujours issu de SHERKAN et ASHA...) en juillet 2018.

CHILI, femelle âgée (photo prise le 24/11/2014)

Un des petits de CHILI et SHERKAN, le 19/04/2013.

La jeune femelle SUSHI, premier petit viable né depuis 2013, photographiée le 16/09/2018.

SUSHI et sa maman SHIVA, ensemble le 13/01/2019.

Le savez-vous ?

les Tigres blancs ne sont pas de véritables albinos, mais des individus atteints d'une autre mutation, le leucisme, résultant d'une déficience en mélanine (pigment noir colorant la peau et les poils). Il existe toutefois de vrais Tigres albinos, appelés aussi "Tigres fantômes" extrêmement rares ;
la probabilité d'avoir une naissance de Tigre blanc dans la nature (hors sélection artificielle) est environ d'1 sur 10.000 ;
le gène responsable de la couleur blanche est dit "récessif", ce qui signifie que les deux parents doivent être porteurs de ce gène (même s'ils ne sont pas eux-mêmes blancs) pour qu'au moins un des petits soit blanc ;
ils sont connus en Inde depuis fort longtemps, on les trouve sur des peintures datant du 16ème siècle, ce qui laisse supposer que ces animaux sont viables et capables de se reproduire dans le milieu naturel. Jusqu'au milieu du 20ème siècle, il y a aussi eu quelques rapports de chasseurs dans les forêts indiennes, des témoignages de zoologistes et des trophées collectés par les mararadjahs et quelques hôtes étrangers de marque, faisant référence à la présence de Tigres blancs dans la nature, et même à leur reproduction (femelles blanches observées avec leurs petits) ;
le naturaliste français Georges Cuvier a pu décrire un spécimen de Tigre blanc exhibé dans une ménagerie anglaise en 1820, peut-être le premier à avoir été présenté en Europe ;
fortement consanguins, les Tigres blancs connus dans les zoos sont affectés par diverses pathologies et malformations, comme le strabisme, des scolioses, des déficiences immunitaires voire des troubles mentaux. Toutefois, la mortalité infantile des Tigres blancs en captivité n'excède pas - dans l'ensemble - celle des Tigres roux (informations provenant de zoos internationalement reconnus comme celui de Cincinnati aux Etats-Unis), et leur longévité peut être aussi élevée que celle des Tigres à pelage "normal" dès lors qu'ils sont bien soignés (ex. : le mâle SHERKAN longtemps présenté à Beauval a dépassé l'âge de 18 ans, un âge très élevé pour un Tigre et nettement supérieur à l'espérance de vie moyenne de ces félins dans la nature) ;
fréquemment, les femelles Tigres blancs ne s'occupent pas de leurs petits, ce qui conduit (conduisait ?) de nombreux parcs zoologiques et élevages à nourrir les jeunes au biberon, mais cette pratique a tendance à se raréfier au moins dans les parcs zoologiques, qui évitent de trop accoutumer les jeunes au contact de l'Homme ;
les Tigres blancs ont une sensibilité élevée aux anesthésiants, l'effet sédatif étant plus long que chez les Tigres roux (peut-être du fait que leur organisme ne serait pas en capacité de produire une tyrosinase normale) ;
ils sont plus grands et massifs que les Tigres roux, le gène "blanc" étant peut-être associé à un gène de "grande taille" (selon Kailash SANKHALA, directeur du Zoo de New Delhi dans les années 1960). Cet avantage de taille pourrait compenser le handicap lié à la couleur de pelage inhabituelle. De plus, les Tigres blancs seraient plus musclés et plus agressifs que leurs congénères au pelage roux ;
d'après les travaux d'une équipe de l'Université de Pékin réalisés sur des groupes de Tigres pensionnaires du Zoo de Chimelong (Chine) en 2013, la couleur blanche est liée à la mutation d'un gène qui se traduit par une inhibition des pigments orange et jaune, mais qui a peu d'effets sur le noir, ce qui fait que les Tigres blancs conservent leurs rayures ; la mutation d'un autre gène peut aussi conduire à des Tigres blancs sans rayure (extrêmement rares), un tel spécimen avait été présenté dans une ménagerie de Londres en 1820 ; ce gène se rencontre chez d'autres espèces dont le Chat (race siamoise) et le Lapin (race dite "himalayenne") domestiques ;
ils ne sont pas plus sensibles au soleil que les Tigres roux (et le seraient peut-être même moins, la couleur blanche ayant un albédo élevé...) ;
chaque Tigre blanc a des rayures uniques (autant que les empreintes digitales chez les humains), il n'y en a pas 2 avec une livrée identique ;
les motifs des rayures se retrouvent sur la peau. Si on rase un Tigre blanc (bonne chance !), les marques continuent à être visibles sur la peau ;
en général, un Tigre mange 10 km de viande par jour, mais il peut en ingurgiter jusqu'à 50 kg si l'occasion se présente ;
dans la pop culture, le surnom de "Tigre blanc" a été porté par plusieurs super-héros successifs de l'univers Marvel ; Le Tigre blanc est aussi le nom d'un film policier indien sorti en 2021 ;
il existe aussi des Tigres au pelage doré, noir ou brun très foncé, encore plus rares.