L'Orang-outan de Bornéo (II)

Statut IUCN : en danger critique d'extinction

Menaces et protection : l'espèce (qui compte environ 55.000 représentants dans la nature mais dont l'effectif a très fortement décliné dans les dernières décennies : ils étaient près de 300.000 au début des années 1970) est classée "en danger critique" surtout du fait de la destruction de son habitat -souvent illégale-, due à l'exploitation du bois et des minerais, à certaines monocultures (dont celle de l'huile de palme) et aux feux de forêt (souvent volontaires). Il existe également un trafic de jeunes Orangs-outans (à destination de collectioneurs particuliers ou de zoos peu scrupuleux) et la chair de cette espèce est localement consommée.

Des organisations comme le WWF travaillent, en collaboration avec les autorités locales et les communautés, à renforcer la protection des Orangs-outans et de leur biotope dans les espaces protégés (parcs nationaux et réserves), à en créer de nouveaux, et à lutter contre le trafic. Les Orangs-outans confisqués aux trafiquants sont confiés à des refuges, où ils sont socialisés, réhabitués à la vie sauvage puis relâchés dans des forêts protégées. L'espèce est classée à l'annexe I de la convention de Washington (CITES), c'est-à-dire parmi les espèces dont le commerce international est interdit.

L'association "Beauval Nature" finance un programme de recherche et de protection des Orangs-Outans et de la faune de Bornéo mené par l'ONG HUTAN basée en Malaisie. Elle s'est aussi engagée, aux côtés de la même association, dans un programme de certification d'huile de palme "durable", conditionnée à des critères de protection de l'environnement et de la biodiversité.

L'espèce est assez peu représentée dans les parcs zoologiques européens : seulement 40 parcs en ont (source : Zootierliste, données d'août 2022), toutefois présentés en groupes familiaux la plupart du temps. 4 d'entre eux se situent en France : La Teste (Bassin d'Arcachon), La Palmyre (Charente-Maritime), le Jardin des Plantes (Paris) et Beauval. [je ne parle pas ici des Orangs-outans de Sumatra ou d'espèce indéterminée mais des "vrais" Orangs de Bornéo]

Au Zooparc de Beauval : arrivés en 1992, les Orangs-outans de Beauval disposent d'une île extérieure (à laquelle ils peuvent même avoir accès en hiver lorsque le temps est doux ; les agrès ont été réaménagés au printemps 2019) et de 2 enclos intérieurs reliés entre eux (et réaménagés durant l'hiver 2016-2017) dans la serre aux grands singes.

Les 2 premiers Orangs-outans à arriver en 1992 étaient 2 femelles : SUKA et sa fille JANAH, arrivées du Zoo de Londres. Gravement malade, SUKA est morte dès 1993 (sources : Instinct, de Françoise Delord et Zootierliste). JANAH est restée très longtemps à Beauval (voir ci-dessous).

Le groupe est actuellement composé du mâle adulte TIGU (arrivé en juin 2022 en provenance du Zoo de Nyiregyhaza en Hongrie), des femelles CHRISTINA et MANIS et de jeunes. La femelle CHRISTINA ne s'est jamais reproduite à Beauval.

D'autres adultes faisaient partie du groupe jusqu'à une période très récente : le mâle MUDA (né au Zoo de Cologne en Allemagne le 29/05/1983, arrivé à Beauval le 20/07/1994), reproducteur historique du Zooparc, mort le 30/11/2021 ; la femelle reproductrice JANAH, transférée avec son dernier fils KAYAN au Zoo du Bassin d'Arcachon (Gironde) en août 2022.

Reproduction : assez régulière, avec les naissances de :

• MANDY (F) le 19/12/1999 (transférée en Allemagne en 2010) ;
• BAYU (M) le 22/06/2003 (transféré au Zoo de Duisburg / Allemagne) ;
• SULI (F) le 23/07/2003 (transférée au Zoo de Fuengirola / Espagne) ;
• DAYAK (M) le 04/03/2009, fils de MANIS et MUDA (transféré dans un zoo du Royaume-Uni fin 2019, mais mort d'une infection du système digestif début 2020) ;
• BELAYAN (M) le 22/09/2009, fils de JANAH et MUDA (transféré au Zoo de Wingham au Royaume-Uni fin 2019, a fêté ses 12 ans en 2021...) ;
• SABAH (F) le 06/08/2015, fille de MANIS et MUDA ;
• KAYAN (M) le 06/05/2017, fils de JANAH et MUDA (transféré au Zoo du Bassin d'Arcachon avec sa mère en août 2022).

KAYAN, le 27/06/2020.

Le Zooparc a aussi eu un deuxième groupe arrivé en 1993, composé de GILLES (M né le 26/08/1966 au Zoo de Jersey / Angleterre, mort en 2008 à Beauval), KUPO KUPO ("papillon" en indonésien, F née le 26/12/1974 au Zoo de Twycross / Angleterre) et GUTSY (F née le 28/06/1978 au Zoo de Jakarta / Indonésie). Ils ne se sont jamais reproduits ensemble (note : néanmoins, GILLES a eu une fille, THEODORA, née en 1988 au Zoo de Jersey d'une union avec la femelle KIBRIAH).

Les jeunes mâles DAYAK et BELAYAN, le 20/10/2014.

Le savez-vous ?

• les Orangs-outans sont les seuls grands singes natifs de l'Asie (mis à part les Humains) ;
• les Orangs-outans partagent 97% de leur ADN avec les Humains ;
• son nom signifie littéralement "homme de la forêt" en malais. Chez certaines tribus, l'on pensait que les Orangs-outans étaient des hommes changés en animaux à la suite d'un sacrilège. Selon une autre légende, l'Orang-outan est doué de parole mais n'en use jamais afin de ne jamais avoir à travailler ;
  
• le nom de genre Pongo (qui avait été naguère à l'origine du nom de leur famille, "les Pongidés") est curieusement d'origine africaine (mpongi, désignant le Gorille ou le Chimpanzé en langue kikongo) ; les naturalistes d'antan croyaient que Gorilles et Orangs-outans formaient une seule et même espèce ; le nom d'espèce pygmaeus (= "pygmée, nain") est tout aussi inapproprié, l'animal n'étant pas du tout "nain" par rapport aux autres espèces de primates ou aux autres hominidés ;
• c'est le plus grand singe après les Gorilles, et aussi le plus grand animal arboricole vivant actuellement ;
  
• parmi les grands singes, c'est celui qui serait -génétiquement- le plus éloigné de l'Homme, avec "seulement" 3 à 4% de différence dans le génome. Sa lignée aurait divergé des lignées pré-humaines il y a environ 25 millions d'années. Elle aurait évolué plus lentement que les lignées d'Afrique ;
  
• l'Orang-outan de Bornéo possède une diversité génétique plus grande que les grands singes africains (gorilles et chimpanzés). Et l'Orang-outan de Sumatra, pourtant encore plus rare, possède une diversité génétique supérieure !!! Ces données sont précieuses pour aider à la sauvegarde des grands singes, mais aussi (indirectement) pour mieux comprendre les maladies génétiques humaines ;
  
• les lignées des 2 espèces principales d'Orangs-outans (de Sumatra et de Bornéo) ont divergé entre elles il y a environ 400.000 ans ;
• comme tous les grands singes, c'est un animal dit "quadrumane", c'est-à-dire possédant des pieds aussi agiles que ses mains ;
  
• ses poils sont extrêmement longs, ils peuvent atteindre jusqu'à 50 centimètres sur l'épaule !
• il est capable de voir en couleur (ce qui lui permet, par exemple, de vérifier la maturité d'un fruit) ;
  
• l'Orang-outan sait distinguer près de 1.700 variétés végétales pour son alimentation ou bien ses soins (une aptitude que l'on trouve aussi chez les Chimpanzés, par exemple) ;
• l'Orang-outan est incapable de nager ; aussi les fleuves et rivières qui traversent son habitat constituent de véritables frontières infranchissables ;
  
• le mâle se distingue de la femelle par son impressionnant disque facial (une sorte de renflement des joues sur le visage), qui peut atteindre jusqu'à 10 cm de large et 20 de long ;
  
• il a été démontré, d'après une étude menée en 2011 sur environ 180 Orangs-outans pensionnaires de zoos (et sur 113 soigneurs), que les Orangs-outans qui affichaient des comportements de bien-être vivaient plus longtemps que les autres !
• dans la culture, l'Orang-outan apparaît dans plusieurs oeuvres littéraires et cinématographiques : Le double assassinat de la rue Morgue (Edgar Poe), La Planète des Singes (Pierre Boulle), Les Annales du Disque-Monde (Terry Pratchett), Le Livre de la Jungle (dessin animé de Walt Disney, il incarne le chef des singes "Roi Louie"), L'Odyssée de Pi, Doux, dur et dingue, Ca va cogner et même un épisode de La petite maison dans la prairie !