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Zootographe - Blog non-officiel du Zooparc de Beauval
26 janvier 2023

Le Muntjac de Reeves ou Muntjac de Chine

1 (110)Le 24/01/2013.

Nom scientifique : Muntiacus reevesi

Synonymes : Cerf aboyeur, Cerf muntjac, Muntjac de Formose.

Classe : Mammifères

Ordre : Artiodactyles

Famille : Cervidés

Description : petit cervidé de type primitif, dont la morphologie rappelle celle d'un chien. Le mâle possède deux bois courts, et aussi deux grandes canines ("défenses") qui dépassent légèrement sous la lèvre et qui lui servent pour les combats. Queue noire à la base et blanche en bas.

Pelage brun rougeâtre, face marquée de stries noirâtres en forme de V le long de "crêtes" osseuses remontant jusqu'au sommet du crâne, pattes sombres ; parties inférieures couleur blanc crème. Le poil tourne au gris pendant les mois d'hiver.

Les mâles et les femelles ont des glandes préorbitales ("larmiers") qui sécrètent un liquide crémeux, utilisé à des fins de communication olfactives.

La sous-espèce taïwanaise M. r. micrurus a une robe plus sombre que celle qui vit en Chine continentale.

Les femelles sont plus claires, petites et légères que les mâles. Le mâle est le seul à porter des bois courts, qui tombent saisonnièrement et repoussent en été. Le faon a un pelage tacheté qu'il perd rapidement en grandissant (comme c'est le cas chez la plupart des espèces de cerfs et de chevreuils), dès l'âge de 2 mois.

1 (5696)Mâle, le 15/01/2017.

1 (6450)Mâle, le 12/02/2017.

Longueur (corps) : 0,64 à 1 m.

Longueur (bois) : 7 à 15 cm.

Longueur (canines) : 6 cm (mâle) ; 1,7 cm (femelle).

Longueur (queue) : 10 à 13 cm.

Hauteur (au garrot) : 43 à 50 cm.

Poids : 10 à 28 kg.

1 (4732)Le 18/09/2016.

Durée de vie : 10 à 12 ans dans la nature, maximum supérieur à 23 ans en captivité.

Aire de répartition : Chine continentale et Taïwan, où il forme 3 sous-espèces : M. r. jiangkouensisM. r. reevesi et M. r. micrurus (cette dernière vivant à Taïwan). Introduit dans plusieurs pays européens (Pays-Bas, Belgique, Irlande et surtout Royaume-Uni, également en France [Centre-Val de Loire, avec quelques observations isolées dans d'autres régions]), au Japon et même aux Etats-Unis.

Habitat : forêts tempérées et subtropicales, lisières, montagnes, prairies alpines, ravins, du niveau de la mer à 3.500 mètres d'altitude. Il fréquente aussi les landes, les campagnes, les parcs urbains et les jardins dans les pays où il a été introduit.

Comportement : l'espèce est surtout active au lever du jour et au crépuscule, même si elle peut aussi l'être en pleine nuit ou en plein jour. Cet animal est de nature discrète et prudente, marchant lentement dans le sous-bois. Il vit surtout seul bien qu'on puisse aussi le rencontrer en couples ou en petits groupes familiaux.

Chaque individu occupe en moyenne un territoire de 11 à 28 hectares, mais les territoires de plusieurs individus se chevauchent très souvent et les densités réelles sont bien supérieures (plus de 9 au kilomètre carré à Taïwan). Les mâles sont plus territoriaux que les femelles, ils ne tolèrent pas la présence d'autres mâles dans leur domaine, le défendant à l'aide de leurs bois et de leurs dangereuses canines. Le mâle comme la femelle utilisent les sécrétions de leurs larmiers pour marquer leur territoire, à travers lequel ils se fraient des chemins. Ils communiquent aussi par des vocalisations.

Les Muntjacs créent souvent de petites clairières dans leur habitat forestier, aux endroits où ils se déplacent souvent ainsi que dans les lieux où ils vont dormir ou faire leurs besoins. Leurs canines leur servent à déterrer la nourriture.

Il tient souvent son dos arqué, la tête vers le bas, de sorte que le croupion semble plus haut que le garrot. Quand il est dérangé, il s'enfuit souvent en faisant une série de sauts et en dressant sa queue pour en montrer le dessous blanc.

Il a un grand nombre de prédateurs en Asie (Léopards, Tigres, Dholes, Chacals, Pythons, Crocodiles) mais en Angleterre, son seul prédateur potentiel est le Renard roux, ce qui fait qu'il est bien moins farouche dans ce dernier pays que dans son domaine d'origine. Il est chassé par les humains pour sa chair et son cuir (Chine) ou bien pour le loisir ou dans un but de régulation des effectifs (Europe, Japon). L'espèce est assez peu exigeante écologiquement.

Comme tous les cerfs, le Muntjac perd ses bois chaque année, mais ceux-ci repoussent rapidement, en à peine 103 jours.

1 (6305)Mâles dans l'enclos des Tapirs malais, le 12/02/2017.

Alimentation : bambous, herbes, fleurs, pousses, écorces, feuilles, fleurs, fruits, noix, baies, graines, bourgeons, fougères, graminées, racines, champignons mais aussi (et plus étonnamment) des oeufs et de la charogne, voire de petits mammifères et oiseaux.

Dans les forêts de conifères britanniques, son alimentation est composée de 85 espèces de plantes.

1 (1245)Le 24/02/2014.

Reproduction : sexuellement mature dès la première année de sa vie (à l'âge de 7 à 8 mois pour les femelles !), la femelle a une gestation comprise entre 209 et 220 jours, elle donne naissance à 1 ou 2 petits par portée. Le faon demeure camouflé dans la végétation jusqu'à ce qu'il soit en âge de suivre sa mère, qui ne s'en occupe pas longtemps ; il est totalement sevré à l'âge de 2 mois et indépendant à 6 mois.

Lors de la saison des amours, les femelles limitent le nombre d'accouplements, tandis que les mâles ont la maîtrise du temps de copulation !

Les Muntjacs sont polygames, le mâle peut se reproduire avec plusieurs partenaires au cours de l'année.

Pendant la parade amoureuse, le mâle émet une sorte de bourdonnement, la femelle lui répond par un miaulement en abaissant la tête.

Ce petit cerf est capable de se reproduire tout au long de l'année en Asie. En Angleterre, il s'est adapté à des cycles plus saisonniers.

La femelle est capable de se reproduire très régulièrement, pouvant être réceptive quelques jours après la mise bas et être presque continuellement en gestation à longueur d'année.

1 (1250)"Bulle" informant de la naissance récente d'un petit, le 24/02/2014.

1 (1084)Bébé Muntjac (probablement celui annoncé sur la "bulle" ci-dessus), photographié le 27/01/2014).

Statut IUCN : préoccupation mineure

Menaces et protection : sur ses terres d'origine, il est assez abondant et répandu, mais il est toutefois chassé et subit les défrichements, l'urbanisation et les collisions avec les véhicules, ce qui a mené à un déclin parfois fort dans certaines régions de Chine. A Taïwan et dans certaines provinces ou réserves de Chine continentale, ses effectifs sont correctement gérés et stables. Il est protégé à Hong Kong et sa chasse est règlementée dans certaines provinces chinoises.

Ses densités restent élevées même dans des milieux non protégés (plus de 9 animaux par kilomètre carré à Taïwan), ses effectifs globaux sont mal connus (estimés à plus de 2 millions dans les années 1980, pour la seule Chine continentale). Il est présent dans de nombreuses aires protégées en Chine continentale et à Taïwan.

Depuis le 19ème siècle, l'espèce a été introduite dans un but ornemental en Europe (Angleterre surtout). Rien qu'au Royaume-Uni, 1 million d'individus vivent à l'état libre. Elle n'y est pas protégée et les populations y sont régulées pour éviter des dommages excessifs aux cultures, aux forêts et aux espèces natives qui y vivent, voire... à la circulation routière (des dizaines de milliers d'accidents chaque année en Angleterre et au Pays de Galles, par exemple 42.000 sur l'année 2010 !) ; sa chasse est ouverte toute l'année au Royaume-Uni ainsi qu'en Irlande. Rien qu'en 2011, quelques 350.000 animaux ont été prélevés dans le seul Royaume-Uni. En France, et bien qu'elle soit moins répandue et abondante aujourd'hui, l'espèce est également considérée comme envahissante et il est permis de le prélever. De même, l'espèce a été accidentellement introduite au Japon dans les années 1960-70 et elle y est considérée comme indésirable, ses populations s'accroissent actuellement en dépit des tentatives de régulation menées par les autorités.

Au Japon, l'expansion a été moins spectaculaire mais 60.000 animaux vivent sur la péninsule de Bōsō (région de Tokyo) et une population d'environ 14.000 individus (avec tendance à la hausse) s'est établie sur l'île d'Izu Ōshima (une île volcanique située en Mer des Philippines) où les tentatives d'éradication ont échoué.

De nombreux zoos européens et proche-orientaux en présentent et en élèvent avec succès : 188 selon Zootierliste (données d'oct. 2020) dont pas moins de 27 parcs français.

1 (116)Le 24/01/2013.

Au Zooparc de Beauval : l'espèce est présentée depuis 2010 dans deux installations de la zone asiatique : en cohabitation avec les Tapirs malais, les Cerfs-cochons et des Grues à cou blanc d'une part, et en cohabitation avec les Pandas roux sur le plateau chinois d'autre part. De l'hiver 2018-2019 jusqu'au 1er semestre 2020, 2 mâles ont aussi cohabité avec les Macaques ouandérous au bout de la zone. Reproduction : régulière :

  • 1 le 05/02 et 1 le 07/06/2011 ;
  • 3 en 2012 (source : Zootierliste)
  • 3 en 2013 ;
  • 4 en 2014 (source : Zootierliste) dont 1 le 11/01 et 1 le 01/07 ;
  • 1 le 02/04/2015 ;
  • 1 en 2017 (source : Zootierliste)
  • 1 à l'automne 2019 ;
  • 1 au printemps 2020 ;
  • 2 en 2021 (source : Zootierliste) dont 1 mâle en début d'automne.

1 (105)Le 24/01/2013.

Le savez-vous ?

  • ce petit cerf doit son nom à John Reeves, naturaliste anglais et spécialiste du monde chinois qui vécut au 19ème siècle. Il introduisit plusieurs espèces végétales et animales asiatiques en Europe ; son nom a aussi été donné au Faisan vénéré (Syrmaticus reevesi) et à quelques espèces de reptiles asiatiques (Tortue d'étang chinoise de Reeves Mauremys reevesi, Scinque doux de Reeves Scincella reevesi et Lézard papillon de Reeves Leiolopis reevesi) ;
  • en cas de danger ou de peur, il émet des aboiements (pendant une durée pouvant atteindre une heure !) d'où son autre nom de "cerf aboyeur". Ce cri est moins une alarme qu'une expression du stress ressenti individuellement (même s'il peut indirectement alerter d'autres animaux, voire les humains, de la présence d'un prédateur). Il émet aussi d'autres bruits : en période de reproduction le mâle bourdonne et la femelle pousse une sorte de miaulement !
  • contrairement à la plupart des cerfs qui ont des ongles de taille égale, un de des ongles est plus petit que l'autre (et bordé de poils) qui rendent ses empreintes caractéristiques ;
  • le groupe des Muntjacs compte 11 espèces en Asie tropicale et subtropicale. Si le Muntjac de Reeves est plutôt abondant et non-menacé, d'autres espèces sont dans un état bien plus précaire voire au bord de l'extinction ;
  • il fait partie des espèces primitives de cerfs, dont de nombreux représentants vivent en Asie (Hydropote, Cerf huppé, etc...) ;
  • il peut s'hybrider avec le Muntjac indien (M. muntjak), une espèce voisine, mais les descendants sont stériles ;
  • le Muntjac indien a lui aussi été introduit au Royaume-Uni mais il est resté moins abondant et opportuniste que son cousin chinois ;
  • les Mongols vénéraient le Muntjac comme une divinité ;
  • sa peau, réputée pour sa douceur, a été utilisée pour fabriquer des objets aussi variés que des instruments de musique, des produits de beauté et même pour emballer des antiquités ! Sa chair peu grasse est parfois utilisée dans la cuisine ;
  • chez les Muntjacs, les globules rouges peuvent prendre des formes très anormales, caractéristique qui se rencontre aussi chez certaines populations humaines atteintes de drépanocytose ; il pourrait s'agir d'une réponse au paludisme ou à d'autres maladies infectieuses. Contrairement aux humains, les cerfs présentant ces caractéristiques semblent en parfaite santé, et la mutation pourrait résulter d'une adaptation très ancienne (on la trouve chez les Muntjacs mais pas chez d'autres espèces de cervidés comme les Rennes, les Wapitis ou les Elans). La présence de cette "anomalie" pourrait aider à comprendre les mécanismes biologiques de protection contre ces maladies, chez l'humain comme chez l'animal ;
  • le mot chinois pour désigner l'animal se traduit comme « élément fort de la montagne » en raison des capacités de résistance de ce cervidé et de sa faculté d'adaptation à des milieux rudes ; en vietnamien le Muntjac est désigné comme le « cerf vivant dans la forêt épaisse et profonde ».
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Commentaires
Z
Merci à vous de suivre ce blog.<br /> <br /> Bonne journée.
Répondre
M
Comme c'est mignon!
Répondre
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Bienvenue dans Zootographe, un blog photo dédié au Zooparc de Beauval, un parc animalier dans lequel je me rends régulièrement. Ceci N'EST PAS un blog officiel de ce parc.

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