La Chèvre domestique

23 décembre 2023

Le 24/02/2014.

Nom scientifique : Capra hircus (= Capra aegagrus f. hircus)

Classe : Mammifères

Ordre : Artiodactyles

Famille : Bovidés

Description : petit ruminant à cornes arquées, spiralées ou sans corne. Il en existe de très nombreuses races (env. 300 à travers le monde), très différentes dans les dimensions et la morphologie, plus ou moins répandues : des races à laine (chèvres angora et du Cachemire), des races à lait (chèvres Saanen, Toggenburg, alpine, poitevine, nubienne, Mancha, etc...), des races bouchères (la chèvre américaine Tennessee, la chèvre sud-africaine Boer, la chèvre néo-zélandaise Kiko) et des races de compagnie ("chèvres naines").

Bien que les races de chèvres soient très diversifiées, le mâle et la femelle sont différents d'aspect : le premier est plus grand que la seconde, porte une barbe et dégage une forte odeur musquée.

La pupille de la chèvre est horizontale et contraste avec un iris assez clair, ce qui est inhabituel chez les ongulés sauvages ou domestiques.

Les oreilles peuvent être dressées, rabaissées ou même absentes (race de "La Mancha").

Les cornes sont creuses.

Le poil est en général lisse, sauf chez les races "laineuses" comme la Chèvre angora du Proche-Orient. La couleur de robe varie, elle peut être unie (noire, blanche, rouge ou brune) ou tachetée. Certains individus ont des marques ou rayures sur la face et le museau.

Queue courte, légèrement recourbée vers le haut.

Le 18/09/2016

Longueur : 115 à 170 cm.

Hauteur (à l'épaule) : 26 à 107 cm (très variable selon les races !), 64 cm en moyenne.

Poids : 9 à 80 kg, parfois jusqu'à 140 kg (chez les mâles des plus grandes races comme la Boer, d'Afrique du Sud). Le poids moyen est de 45 kg chez les adultes.

Le 12/04/2019.

Durée de vie : 14 ans.

Aire de répartition : Originaire du Proche-Orient (à partir de la Chèvre à bézoard Capra aegagrus qui y vit encore). En tant qu'animal domestique, répandue partout dans le monde sauf dans les régions polaires.

Habitat : animal domestique, très souvent élevé dans les montagnes et les maquis.

Comportement : l'agilité et l'aptitude au saut des chèvres, même sur les terrains les plus difficiles, sont proverbiales. La chèvre est un animal assez intelligent, qui s'attache à son soigneur. En élevage, certaines races ont besoin de rester en étable pendant les mois d'hiver. Il est également nécessaire de prévenir les infestations par les vers intestinaux (vermifugation) ou par des parasites externes comme les puces ou les tiques.

Quand elle crie, on dit que la chèvre bêle, béguète ou chevrote.

Les chèvres supportent des environnements secs, impropres à l'élevage d'autres espèces de bétail comme le mouton ou la vache. C'est pourquoi elles sont souvent élevées en semi-liberté par les populations des régions semi-arides.

Elles sont aussi élevées de manière intensive, en grands troupeaux dans des enclos de petite taille (ce qui est parfois le cas dans les pays industrialisés).

Elles vivent de préférence en petits troupeaux.

Comme elles sont sensibles aux prédateurs, il est conseillé de les élever dans des parcs clôturés. Elles arrivent toutefois à survivre à l'état "sauvage" et sans contrôle humain, généralement dans des milieux escarpés ou rocailleux.

Alimentation : herbes vertes ou sèches (une ration quotidienne représente environ 2 kg d'herbe par animal), consomme aussi de l'eau (elle boit environ 10 litres par jour) et apprécie le sel (souvent fourni sous forme de "pierre à sel" par les éleveurs). Etant un ruminant, sa digestion passe par 4 estomacs.

Reproduction : les chèvres tendent à vivre en harem ; les mâles sont parfois sélectionnés par les humains en fonction de leurs caractéristiques physiques et génétiques pour saillir les femelles. Les éleveurs recourent aussi à l'insémination artificielle. Inversement, quand elles sont laissées à l'état naturel, on voit s'affronter les boucs pour la possession des femelles, au moyen de combats à coups de tête et de corne.

La chèvre peut se reproduire tôt, dès l'âge de 7 mois (mais les éleveurs préfèrent les reproduire quand elles sont plus âgées). Les chaleurs ont lieu à la fin de l'automne ou en hiver en climat tempéré, toute l'année sous l'équateur. La gestation dure 5 mois, la femelle donne naissance à 1 ou 2 chevreaux (parfois 3 et exceptionnellement jusqu'à 6 !) par portée. La femelle mange souvent le placenta de son petit dans des conditions naturelles (cela lui permet d'effacer les odeurs de sang attirantes pour les prédateurs ; ce comportement est courant chez les espèces d'ongulés sauvages). En élevage, les petits sont sevrés à 2 mois.

Curieusement, les jeunes mâles atteignent leur maturité sexuelle plus vite que les femelles (respectivement à 5 mois et 1 an).

Une chèvre laitière peut produire jusqu'à 3 kg de lait par jour en période de lactation.

Les grandes races de chèvres deviennent matures plus tard que les petites.

Le 25/10/2018.

Menaces et protection : animal domestique mondialement répandu et très abondant (837 millions), elle n'est aucunement menacée. Les principaux pays d'élevage sont la Chine (199 millions), l'Inde (125 millions), le Pakistan (52 millions). Très modeste en comparaison, le cheptel français compte 1,2 million d'animaux, et l'Europe (UE) 13,2 millions d'animaux.

Parmi les races les plus répandues au monde, on compte l'Alpine et la Saanen, toutes deux d'origine suisse. De nos jours les éleveurs recourent facilement à l'insémination artificielle et aux croisements.

Toutefois certaines races ont des effectifs modestes (par exemple, en France, les Chèvres du Rove et provençales originaires du Midi, qui comptent respectivement 8.000 et 1.000 têtes, les Chèvres poitevines dont le troupeau compte 2.800 femelles ; en Suisse, la Toggenbourg originaire du canton de Saint-Gall qui compte env. 4.500 têtes sur le territoire helvétique et 2.500 exportées de longue date aux Etats-Unis) et méritent des plans de protection, d'autant qu'elles ont un potentiel génétique intéressant (adaptation à des climats difficiles, résistance aux maladies...). Certaines races comme la Poitevine ont été en voie de disparition pendant un temps avant d'être "reconstituées" à partir d'un petit nombre de survivants.

Les Chèvres domestiques sont parfois présentes à l'état féral ou "marron" (revenues à l'état sauvage) un peu partout sur la planète, elles sont considérées envahissantes dans certains territoires notamment insulaires, par exemple la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie. En fait, elles parviennent à survivre dans quasiment tous les environnements, excepté les toundras et régions polaires, les vrais déserts et les milieux aquatiques.

Les Chèvres domestiques sont extrêmement courantes dans les zoos et parcs animaliers, le plus souvent présentées dans des "mini-fermes" où elles peuvent être approchées, caressées et nourries par les enfants (mais avec du respect et de la précaution pour ne pas les perturber !). 332 zoos européens et proche-orientaux ont des Chèvres domestiques sans précision quant à leur race (source : Zootierliste, données de déc. 2023), auxquels l'on doit ajouter une grande quantité de parcs qui élèvent des races spécifiques, parfois dans un but conservatoire.

Au Zooparc de Beauval : un groupe important (accompagné de Poneys, Moutons et autres animaux domestiques) vit dans la mini-ferme près de la zone chinoise et des parcs à Eléphants. Autrefois (années 1990-début des années 2000), cette mini-ferme était située près de l'entrée, à l'emplacement d'une des boutiques. Reproduction : oui, très fréquente :

nombreuses naissances de chevreaux en 2018 ;
env. 25 chevreaux en 2019 ;
6 en début d'été 2020 ;
3 en juin 2021 ;
1 en août 2022 ;
9 à la fin du printemps 2023.

Le 27/11/2016.

Le savez-vous ?

la Chèvre fait partie des premiers animaux domestiqués, elle l'a été dès le début du Néolithique, environ 8.000 ans avant Jésus-Christ. Elle est élevée pour son lait (et ses produits dérivés : fromages), sa viande, sa peau (qui sert à fabriquer des outres, des tissus, mais aussi des instruments de musique : la kora, le djembé, le sabar des pays africains), sa laine (avec laquelle on confectionne des tissus : cachemire, mohair, pashmina) et son cuir. Autrefois on se servait des peaux pour fabriquer des parchemins et des outres, de ses crottes (comme combustible), de ses os et tendons (comme outils) ;
en France, 14 types de fromages de chèvre sont protégés par le système AOP ; la viande de chevreau y est surtout consommée à Pâques en remplacement de l'agneau ;
selon les analyses génétiques basées sur l'ADN fossile, il semblerait que le processus de domestication ait débuté par une simple protection des chèvres sauvages par les humains contre les prédateurs, l'élevage proprement dit ne serait apparu que plus tard. Encore aujourd'hui, l'élevage de troupeaux de chèvres à l'état libre ou semi-libre est extrêmement courant dans de nombreux pays ;
les ancêtres de nos chèvres domestiques sont vraisemblablement les Chèvres sauvages Capra aegagrus encore existantes dans les plateaux iraniens, elles ont aussi un grand nombre de cousins répartis en Europe, Afrique du Nord et Asie comme les Bouquetins et le Markhor ;
il existe des hybrides stériles de chèvre et de mouton : le chabin (bélier + chèvre), l'ovycapre (bouc + brebis) ;
le mot "chèvre" provient du latin "capra" qui désigne cet animal (et aussi son nom de genre). Par contre le nom d'espèce "hircus" signifie "le bouc" en latin. Les mots "bouc" (mâle de la chèvre) et "bique", "biquette", etc... sont d'origine gauloise ;
le nom anglais de l'animal "goat" dérive d'une ancienne racine indo-européenne "*ǵʰaidos" qui désigne le chevreau (que l'on retrouve dans l'allemand "Geiß", le hollandais et l'islandais "geit" = la chèvre, le grec "haedus" = le chevreau et évidemment l'anglais "kid", désignant à la fois un chevreau et un enfant...), mais qui se réfère aussi à une idée de saut, de mouvement, cf. le slavon "zajęcǐ" = le lièvre, le sanskrit "jihīte" = "il bouge"). En anglais on utilise de nos jours le terme de "billy goat" pour le mâle et "nanny goat" pour la femelle ;
une chèvre a 60 chromosomes par cellule ;
des chèvres transgéniques ont été produites en laboratoire à partir des années 1990 pour produire des hormones humaines !
sa température corporelle est assez élevée, entre 38 et 39,5°C ;
le coeur d'une chèvre bat au rythme de 83 pulsations par minute ;
les chevreaux ont des dents de lait ;
le bouc dégage une odeur puissante au moment du rut, dite aussi "eau de mâle" ;
la pupille des chèvres est horizontale et rectangulaire, ce qui lui donne un grand champ de vision ;
il arrive occasionnellement que des chèvres aient un nombre anormal de cornes (quelquefois jusqu'à 8), et transmettent cette caractéristique étrange à leur descendance ;
contrairement à d'autres espèces (bovins, moutons...), il n'y a pas eu de sélection artificielle de lignées de chèvres sans cornes (l'union de chèvres nées sans corne produit souvent une descendance hermaphrodite et stérile !!!) ;
les cornes sont composées d'os entourés de kératine et d'autres protéines, et sont utilisées pour la défense, la domination et la territorialité ;
les pis de chèvres ont 2 tétines le plus souvent, sauf dans quelques races comme la chèvre Boer qui peuvent en avoir jusqu'à 8 ;
il est déjà arrivé que des boucs produisent du lait !
les chevreaux nouveaux-nés n'ont qu'un seul estomac, le véritable appareil digestif "de ruminant" ne se développe que progressivement, au fur et à mesure qu'ils consomment de la nourriture solide ;
les chèvres sont souvent dotées d'une barbichette, et aussi de caroncules de peau qui pendent de chaque côté du cou ;
une chèvre a 32 dents ;
les chèvres sont utilisées pour entretenir les boisements, éliminant les plantes invasives et réduisant les risques d'incendie. Dans certains pays (Etats-Unis, Australie), la location de troupeaux de chèvres à cette fin est très répandue ;
cependant, le pâturage excessif par les chèvres peut avoir un impact écologique fort. On suppose qu'elles ont participé au recul de la forêt au Proche-Orient et dans le bassin méditerranéen, et ceci depuis des millénaires. A plus forte raison, leur impact est fort dans les milieux insulaires confinés, habités par une flore et une faune des plus fragiles, et leur destruction a été menée dans de nombreuses îles depuis quelques décennies ;
les chèvres sont assez opportunistes, si on ne fait pas attention elles peuvent manger du carton, du papier ou encore des tissus, elles consomment aussi des plantes toxiques pour les autres espèces de bétail (mais certains végétaux comme les plants de tomates ou de pommes de terre restent des véritables poisons pour elles) ;
dans certaines régions de Chine, les chèvres sont utilisées de manière symbiotique dans les plantations de thé : elles mangent les mauvaises herbes (mais pas les feuilles ou pousses de thé, qui ont mauvais goût pour elles), et fertilisent les sols avec leurs crottins ;
certaines chèvres sont utilisées comme animaux de compagnie ;
cet animal est très présents dans les mythes et légendes du bassin méditerranéen : la Grèce (la chèvre Amalthée nourrit Zeus enfant, et sa corne brisée devint la corne d'abondance, sa peau [l'Egide] devint un bouclier impossible à transpercer ; des créatures comme le dieu Pan et la chimère ont pour partie l'aspect de chèvres ou boucs ; le site magique de Delphes fut "découvert" par des chèvres qui dansèrent en inhalant les fumées qui s'échappaient de la terre), les récits bibliques (utilisée en sacrifice) ;
le mythe de la chèvre nourricière se retrouve chez les Nordiques : la chèvre Heidrun vit au Valhalla (paradis) et broute les feuilles d'Yggdrasil (l'arbre-monde), elle nourrit les guerriers avec son lait. Elle incarnait "l'esprit du blé" sous le nom de Kornbocke et aujourd'hui les Scandinaves continuent à confectionner des figurines de chèvres en paille appelées julbocks comme décorations de Noël;
en Inde, elle représente la substance primordiale non manifestée, elle est aussi la mère du monde ;
en Chine, elle est un des signes du zodiaque. Certaines peuplades de ce pays l'associent au dieu de la foudre ;
on retrouve bien évidemment notre sympathique biquette dans des récits occidentaux modernes comme "la chèvre de Monsieur Seguin", également dans les arts plastiques (sculptures de Jean Cocteau, peintures de Picasso...) ;
il y eut un Jour de la Chèvre (le 16ème jour du mois de ventôse) dans le calendrier républicain français.