Le Rhinocéros blanc

Le 19/04/2013.

Nom scientifique : Ceratotherium simum simum

Synonyme : Rhinocéros à lèvres carrées.

Classe : Mammifères

Ordre : Périssodactyles

Famille : Rhinocérotidés

Description : très grand mammifère au corps massif, à la peau épaisse et rugueuse gris clair, aux pattes courtes mais puissantes, avec une bosse au-dessus du cou. Tête allongée, petits yeux noirs, oreilles pointues et museau court et large (au contraire du Rhinocéros noir, dont la couleur est légèrement plus sombre et le museau étroit ; il est également un peu plus petit). Comme le Rhinocéros noir, son front est surmonté de deux cornes.

Longueur (corps) : 3,7 à 4 m (mâle) ; 3,4 à 3,65 m (femelle).

Longueur (cornes) : 94 à 102 cm (corne antérieure) ; 55 cm (corne postérieure).

MAFUNYANE, le 21/05/2017.

Longueur (queue) : 0,7 m.

Hauteur (au garrot) : 1,7 à 1,86 m (mâle) ; 1,6 à 1,77 m (femelle).

Poids : 1,4 à 3,6 tonnes, les femelles sont plus légères que les mâles.

Durée de vie : 30 à 40 ans (dans la nature), jusqu'à 50 ans (en captivité).

Aire de répartition : Afrique, l'espèce est répartie en 2 sous-espèces, dont l'une (Ceratotherium simum simum) vit en Afrique australe et forme la population la plus importante, c'est aussi la seule à être représentée en zoo à ce jour.

L'autre vivait en Afrique de l'Est (Nord-Est du Congo-Kinshasa, extrême Sud-Ouest du Soudan, etc...) mais elle est probablement éteinte à l'état sauvage, les derniers individus connus (issus de zoos) ont été transférés dans la réserve d'Ol Pejeta au Kenya (toutefois quelques troupeaux de la sous-espèce du Sud simum ont été réintroduits dans des pays est-africains comme le Kenya). Le Rhinocéros blanc n'est pas une espèce native du Kenya (dans les temps historiques).

Habitat : savanes et forêts claires, parfois humides.

Comportement : contrairement aux apparences, cet animal peut être très rapide, atteignant 50 km/h et pouvant aussi faire volte-face en pleine course. Cet animal est moins agressif et plus sociable que le Rhinocéros noir. Il est généralement actif au crépuscule et dort pendant la journée.

Les mâles adultes défendent un territoire de 1 à 8 km², qu'ils délimitent avec leurs déjections (déposées en tas) et leur urine, ou bien en frottant leur corps contre les branches, arbres et rochers ; ils y tolèrent les jeunes et les femelles (celles-ci aiment vivre en petits troupeaux, comprenant jusqu'à 14 têtes). Les mâles subalternes ne défendent pas de territoire.

Le Rhinocéros blanc adore prendre des bains de boue qui le rafraîchissent et le débarrassent des insectes parasites. Plusieurs espèces d'oiseaux comme le Pique-boeuf et le Héron garde-boeuf le débarrassent aussi de ces hôtes indésirables.

Le Rhinocéros blanc n'a quasiment aucun prédateur naturel à l'âge adulte. Les petits peuvent être la proie de grands mammifères carnivores, mais cela arrive rarement car la mère est très protectrice.

Contrairement à ce que l'on peut croire, c'est un animal peu agressif (et c'est même le plus sociable des rhinocéros !), que ce soit envers ses congénères ou bien envers d'autres espèces. Il peut toutefois y avoir des combats, parfois violents, entre mâles pour la possession des femelles.

Quand il crie, on dit qu'il barète ou barrit. Il peut aussi grogner, gronder, souffler et siffler s'il est énervé ou s'il se sent menacé.

SMOSKE, le 12/03/2017.

Alimentation : c'est un brouteur qui se nourrit exclusivement d'herbe. Il peut boire deux fois par jour, mais peut se passer d'eau pendant 4 à 5 jours en cas de sécheresse.

Reproduction : la femelle met bas tous les 4 à 5 ans (du fait de la très longue période de gestation - 16 à 18 mois - et d'élevage du jeune, qui naît le plus souvent unique, mais il y a déjà eu des cas de jumeaux).

A la naissance, le petit pèse 40 à 65 kg et n'a pas de corne ; il peut se lever rapidement.

Il est allaité pendant 1 an (mais commence à brouter à l'âge de 2 mois). Sa mère le chasse 1 ou 2 ans plus tard, lorsqu'elle est prête à se reproduire à nouveau. Les jeunes atteignent la maturité sexuelle entre 5 et 7 ans, mais les mâles doivent attendre d'avoir 10 ou 12 ans et d'être assez forts pour défendre leur territoire, avant de se reproduire à leur tour.

Il n'y a pas de saison précise pour la reproduction, celle-ci peut avoir lieu toute l'année, dès lors que la femelle n'a pas de petit à élever, ou a fini de le faire.

MAFUNYANE et sa fille GAYA (âgée de moins de 10 jours !), le 27/11/2016.

Le mâle, habituellement solitaire, se rapproche des femelles quand il sent (à l'aide de leur urine) qu'elles sont en chaleur. Il va alors poser sa bouche sur la croupe de la femelle et tenter de la monter pour la féconder. Si elle reste immobile et qu'elle lève la queue, elle accepte alors l'accouplement, qui durera de 20 minutes à 1 heure. Les unions sont souvent polygames chez cette espèce.

Statut IUCN : quasi-menacé

Menaces et protection : peu farouche et réputé facile à chasser, le Rhinocéros blanc a payé un lourd tribut à la chasse pour les cornes et les trophées. Néanmoins les deux sous-espèces de Rhinocéros blanc ont connu des sorts très différents.

La sous-espèce du Nord, qui n'a bénéficié d'aucune mesure de protection effective dans les dernières décennies (instabilité politique chronique et absence d'Etat de droit dans les pays de son aire de répartition), est devenue excessivement rare et sans doute éteinte à l'état sauvage. Les ultimes survivants connus (des pensionnaires des zoos de Dvur Kralové en République tchèque et de San Diego aux Etats-Unis) ont été transférés en 2009 dans le sanctuaire d'Ol Pejeta au Kenya mais ils ne s'y sont pas reproduits et le dernier mâle est mort en mars 2018, à l'âge de 45 ans (1 autre mâle en âge de se reproduire était mort en octobre 2014) ; seules 2 femelles (Najin et sa fille Fatu) sont encore en vie à ce jour. Un petit groupe (25 têtes au maximum) survit peut-être encore dans le parc national de la Garamba (République démocratique du Congo) et le Sud du Soudan. Le statut des populations du Nord est, au mieux, extrêmement précaire du fait du braconnage, de la destruction des habitats naturels et de l'instabilité politique. Les scientifiques disposent de quelques échantillons de sperme de Rhinocéros blancs du Nord et espèrent recourir à la fécondation in vitro sur les dernières femelles d'Ol Pejeta ou bien sur des femelles de la sous-espèce du Sud.

La sous-espèce d'Afrique australe est bien moins rare, son effectif atteignait plus de 20.000 têtes dans la nature en 2010 - et 750 en captivité en 2008 -. Elle a eu une histoire complexe puisqu'elle passait pour éteinte à la fin du 19ème siècle, lorsqu'on découvrit vers 1885 une petite population de 20 à 50 têtes survivante en Afrique du Sud. Les mesures de protection ont permis de faire remonter ses effectifs tout au long du 20ème siècle et 95% de tous les Rhinocéros blancs vivant en liberté sont sud-africains, représentés dans de nombreuses réserves et parcs protégés. Plus modestement, des augmentations d'effectifs ont été enregistrées dans quelques autres pays : au Botswana, la population est passée de 26 à 153 entre le milieu des années 2000 et le milieu des années 2010.

Aujourd'hui, les Rhinocéros blancs du Sud vivent en Afrique du Sud, en Namibie et au Zimbabwe, et ont été réintroduits au Botswana, au Mozambique et en Eswatini (pays d'où ils avaient disparu) et aussi dans quelques pays en dehors de l'aire de répartition historique : Kenya, Ouganda et Zambie.

En outre, les Rhinocéros blancs du Sud sont assez abondants dans les parcs animaliers et zoos à travers le monde : rien qu'en Europe et au Proche-Orient, 96 parcs zoologiques en ont (source : Zootierliste, données d'août 2023), parmi lesquels 16 parcs français. A l'échelle mondiale, 740 animaux étaient élevés dans des zoos en 2005.

Mais cet animal demeure menacé par le braconnage qui a fortement augmenté depuis la fin des années 2000 (l'espèce est activement chassée pour sa corne, utilisée comme manche de poignard au Yémen et comme remède prétendument médicinal et aphrodisiaque (sans aucune base rationnelle) dans certains pays d'Asie : dans les dernières années, environ 1 millier de têtes sont braconnées chaque année en Afrique du Sud). La population s'est réduite à un niveau compris entre 18.000 et 20.000 animaux en milieu naturel à l'heure actuelle.

Des campagnes d'information et d'éducation du public (ciblant notamment les jeunes) ont cours au Viêt-Nam : le nombre de personnes consommant de la corne de rhinocéros a récemment chuté dans ce pays. L'espèce est classée à l'annexe I de la CITES sur le commerce des espèces sauvages (correspondant à la protection maximale) sauf les populations d'Afrique du Sud et du Swaziland qui sont à l'annexe II. Sa survie dépend d'une protection efficace de son habitat dans les parcs nationaux et les réserves publiques et privées (auxquels on peut adjoindre les parcs zoologiques), ainsi que de l'abandon de la consommation de produits dérivés du Rhinocéros en Asie.

Des événements comme la Journée Mondiale du Rhinocéros (le 22 septembre de chaque année) sont destinés à sensibiliser le public à la protection de toutes les espèces de Rhinocéros présentes en Afrique et en Asie, y compris les moins rares comme celle-ci.

Le Zooparc de Beauval soutient financièrement un programme de lutte contre le braconnage des Rhinocéros en Afrique. Il participe aussi, depuis 2020 et aux côtés de 5 autres zoos européens, à une étude sur la gestation de ces animaux, afin de mieux connaître leur comportement et leurs exigences en matière de reproduction.

La jeune femelle GAYA et son père SMOSKE, le 13/01/2019.

Au Zooparc de Beauval : l'espèce est présentée depuis 2000, avec l'arrivée des 2 femelles MALELANE et SATARA, importées d'une ferme d'élevage sud-africaine. Actuellement 1 mâle (SMOSKE) et 2 femelles adultes (SATARA et MAFUNYANE) occupent la plaine africaine. MALELANE est partie au Zoo de Montpellier en 2013 en échange d'une fautre femelle, MAFUNYANE. Reproduction : oui, plusieurs naissances :

• KANTY (mâle) en 2009, transféré au Zoo de Chessington (Royaume-Uni) ;
• WAMI (mâle) en 2011, transféré au Parc zoologique de Paris en 2014 ;
• HAWII (mâle, fils de SATARA et nommé d'après l'expression "ah oui" souvent prononcée par le soigneur du secteur savane !) né le 03/12/2015 et transféré en juin 2018 au Zoo de Bursa (Turquie) ;
• GAYA (femelle, fille de MAFUNYANE) née le 18/11/2016, transférée en mars 2020 au Zoo de Dvůr Králové en Tchéquie.

Le savez-vous ?

• son nom semble dû à une erreur de traduction, à partir du néerlandais "wijde" (large, pour désigner la forme de son museau) qui aurait été traduit en "white" (blanc) par les Anglais et passé comme tel dans les autres langues. Il est toutefois de couleur plus claire que l'autre espèce africaine, le Rhinocéros noir (et celui-ci a un museau pointu). Son nom scientifique (Ceratotherium simum) signifie littéralement "l'animal cornu au nez plat" (combinaison des mots grecs keras [κερας] "corne", therion [θηριον] "animal" et simus [σιμος] "au nez plat"), soulignant la même caractéristique anatomique ;
• c'est le plus grand des rhinocéros, et aussi le plus grand des mammifères terrestres après l'éléphant ;
• il possède 2 cornes comme le Rhinocéros noir (africain comme lui) et le Rhinocéros de Sumatra (une espèce extrêmement rare qui ne vit qu'en Asie du Sud-Est) ;
• son régime alimentaire lui permet de cohabiter avec le Rhinocéros noir, qui préfère se nourrir de feuilles ;
• il semblerait que le Rhinocéros blanc, par sa masse et ses habitudes, contribue à façonner le paysage de la savane africaine (comme c'est également le cas pour l'Eléphant) ;
• il dispose d'une lèvre inférieure cornée qui lui permet de brouter, remplaçant les incisives qu'il n'a pas ;
• sa vue est extrêmement mauvaise : 20 mètres à peine ! Son ouïe est également faible ;
• inversement son odorat est très bon ;
• les cornes de rhinocéros sont entièrement faites de kératine, comme tes cheveux et tes ongles ! En cela, elles sont différentes de celles des bovidés ou des cerfs qui sont en tout ou partie osseuses.

Un Rhinocéros blanc montrant le museau large auquel il doit son nom, le 19/04/2013.