Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Zootographe - Blog non-officiel du Zooparc de Beauval
25 novembre 2023

Le Manchot de Humboldt

1 (914)Le 19/09/2013.

Nom scientifique : Spheniscus humboldti

Classe : Oiseaux

Ordre : Sphénisciformes

Famille : Sphéniscidés

1 (11263)Le 28/01/2018.

Description : manchot de taille moyenne, avec une tête noire traversée par une rayure blanche, une gorge noire et une longue bande noire en forme de U renversé sur la poitrine et les flancs, la poitrine et le ventre sont blanchâtres et ponctués de taches noires ; dessous des ailes taillé en lame de faux, blanc avec des points noirs parsemés ; calotte, joues, nuque, dos et queue noirs. Le bec est plat et court, rose chair à la base et noir ailleurs. Pattes palmées, courtes et noires. Les jeunes ont la tête sombre et ne portent pas de bande pectorale noire.

Mâle et femelle sont très semblables, même si les premiers sont plus lourds et ont un bec plus allongé.

Il peut être confondu avec les autres manchots du genre Spheniscus, spécialement le Manchot de Magellan qui partage en partie la même aire de répartition. C'est le représentant le plus grand et le plus lourd du genre.

1 (15134)Le 13/01/2019.

Longueur : 55 à 70 cm.

Hauteur : 60 à 68 cm.

Poids : 2,9 à 6 kg.

Durée de vie : 15 à 20 ans dans la nature (la mortalité des jeunes est élevée), jusqu'à 35 ans en captivité.

1 (5466)Le 15/01/2017.

Aire de répartition : côtes du Pérou et du Chili : il peut remonter plus au Nord encore jusqu'à la Colombie, et aussi dans l'Océan Atlantique le long des côtes argentines, mais ne s'y reproduit pas.

Habitat : mer, îles et côtes rocheuses.

1 (12853)Le 24/04/2018.

Comportement : le Manchot de Humboldt est un oiseau partiellement migrateur, qui peut effectuer des déplacements de plusieurs centaines voire milliers (jusqu'à une distance de 35° de latitude) de kilomètres au gré des courants marins. Mais en temps normal, les déplacements sont plus courts : 20 à 35 km depuis leur site de nidification. Les oiseaux qui ont échoué leur nidification plongent plus longtemps, plus profond et plus loin.

Il a tendance à descendre vers le Sud lors des épisodes El Niño, quand les eaux deviennent plus chaudes et que les ressources en poisson baissent.

1 (3427)Le 27/02/2016.

A l'aide de ses ailes transformées en nageoires, il est capable de plonger jusqu'à 60 mètres de profondeur. En plongée, il peut atteindre 32 km/h et rester 10 minutes en apnée. Il peut aussi "voler" dans l'eau, ce comportement peut se voir aisément à Beauval.

Avant de partir à la recherche de nourriture, le Manchot de Humboldt s'imprègne le plumage avec une huile produite par ses glandes

Il repère son alimentation à la vue, la durée des pêches est plus courte pendant les journées lumineuses et plus longues de nuit, la recherche de nourriture étant alors plus difficile. La plupart des pêches se fait durant de courtes plongées à faible profondeur. La durée des pêches est plus longue pour les oiseaux qui n'ont pas réussi leur reproduction.

Il mue pendant une dizaine de jours, généralement entre janvier et février, durant cette période il est inapte à la plongée. La période de mue est précédée d'un temps où les oiseaux s'alimentent énormément, peut-être pour supporter la disette forcée qui suit.

Cependant, il marche difficilement à terre et (comme tous les Manchots, il est absolument incapable de voler).

Il a un certain nombre de prédateurs sur terre et sur mer : les Orques, les Léopards de mer (un seul de ces phoques géants peut engloutir jusqu'à 15 Manchots par jour), les Otaries à fourrure, les Renards, les Pétrels géants, les Caracaras (oiseaux rapaces), les Vautours, les Goélands, les Serpents, les Requins ainsi qu'un certain nombre d'animaux introduits (Rat, Chat, Chien, Hermine, Belette, Fouine...) qui s'en prennent aux oeufs ou aux poussins.

C'est un oiseau sociable et grégaire qui vit en colonies, également appelées "rookeries" (un terme également employé pour les colonies d'Otaries, mais à l'origine utilisé pour désigner les rassemblements de Corbeaux freux, "Rooks" en anglais).

Il utilise un grand nombre de vocalisations pour éloigner les intrus, se signaler entre eux, réclamer de la nourriture (pour les jeunes, vers leurs parents) ou bien attirer un(e) partenaire. Quand la densité de Manchots est élevée à un emplacement donné, les comportements territoriaux sont plus vivaces et les oiseaux plus bruyants.

Alimentation : petits poissons (surtout anchois mais aussi harengs, merlus, chinchards, sardines, orphies, etc...), calmars, krill et autres crustacés. Le régime alimentaire peut varier selon les saisons et en fonction des régions.

Reproduction : les Manchots de Humboldt effectuent une parade nuptiale au cours de laquelle les couples, de manière répétée, rapprochent leurs têtes et s'échangent des regards alternativement, lèvent leur tête et rabaissent leur poitrine, battent des ailes et poussent des cris sonores ressemblant aux braiements d'un âne (comportement souvent vu et entendu au Zooparc de Beauval !).

Il nidifie dans une grotte, dans un trou dans le sable, au sommet d'une falaise, dans un rocher voire dans le guano, le nid est sommairement aménagé et garni de cailloux et d'herbe par le couple à l'aide de leurs ailes (nageoires) et de leurs pattes. La reproduction peut avoir lieu toute l'année mais il y a 2 pics bien identifiés (entre mai et juillet, puis de septembre à décembre, avec des différences sensibles d'un bout à l'autre de son aire de répartition, qui ne connaissent pas les mêmes conditions climatiques). Il y a souvent 2 couvées par an, y compris lorsque la première réussit.

Il y a 1 ou 2 oeufs par couvée, pondus à des intervalles de 2 à 3 jours, et couvés en alternance par les deux parents pendant 39 à 43 jours (l'autre allant pêcher en mer). En général il y a un décalage de 2 jours entre chaque éclosion dans une ponte.

Le mâle et la femelle contribuent à la couvaison des oeufs puis à l'élevage des jeunes. En général ils ne s'occupent que d'un seul poussin.

Les jeunes passent les premières semaines de leur vie au nid, gardés par un des parents quand l'autre s'alimente en mer, ils sont nourris une fois par jour ; un peu plus tard ils sont laissés seuls dans le nid alors que les parents partent pêcher. Les jeunes sont autonomes et ont leur plumage définitif vers l'âge de 3 mois, la maturité sexuelle a lieu vers 2 ou 3 ans. Comme chez la plupart des Manchots, les jeunes reviennent nidifier dans la colonie où ils sont nés. 

Les couples utilisent souvent le même terrier d'une année sur l'autre.

1 (365)Le 14/03/2013.

1 (3104)Le 17/01/2016.

Statut IUCN : vulnérable

Menaces et protection : l'espèce est vulnérable, elle subit de nombreuses menaces à des degrés divers : surpêche, réchauffement et pollution des mers, destruction et urbanisation de son habitat, capture accidentelle dans des filets de pêche, dérangements, espèces invasives et prédatrices, prélèvements à but alimentaire et récréatif, événements climatiques extrêmes (El Niño) et aussi collecte excessive du guano (excréments d'oiseaux de mer, jadis utilisés comme fertilisants). Jadis, elle fut également chassée pour la chair, la peau, la graisse et ses oeufs étaient collectés. En déclin depuis le milieu du 19ème siècle au moins, elle est devenue assez rare, avec un effectif d'environ 32.000 individus matures à l'état sauvage, avec de très fortes fluctuations de ses effectifs (au sortir de l'épisode El Niño de 1982-83, la population globale de Manchots de Humboldt ne comptait plus que 2.500 oiseaux à l'état sauvage).

Le commerce de l'espèce est interdit (espèce inscrite en annexe I de la CITES) ; l'espèce est protégée par les lois péruviennes et chiliennes, ainsi que ses sites de reproduction dont certains sont gardés et surveillés. Plusieurs réserves instituées au Pérou et au Chili protègent son habitat de nidification et d'alimentation, et des mesures d'éradication des espèces invasives (rongeurs et lapins) ont été réalisées.

Les programmes de protection des Manchots de Humboldt dans leur habitat sont soutenus financièrement par des zoos de différents pays : pendant plusieurs années le Zooparc de Beauval a soutenu, par un appui financier et technique, un projet de protection d'une réserve de Manchots au Pérou, la réserve de Punta San Juan : ce programme était basé sur l'exploitation soutenable du guano par les populations locales et la sensibilisation du public à la protection de l'espèce.

Aujourd'hui la plus grande partie de la population vit au Chili, dans des aires protégées comme l'île Chañaral.

L'observation de cette espèce donne lieu à des séjours écotouristiques qui incitent les populations locales à la préservation de l'espèce.

Un programme d'élevage en captivité et de réintroduction est mené avec succès par le Zoo de Santiago (Chili), d'autres programmes d'élevage en captivité sont menés sur d'autres parties du Monde dont l'Europe où 154 zoos présentent et élèvent l'espèce, dont 14 en France (source : Zootierliste, nov. 2023), ce qui en fait un des manchots les plus communs en parc zoologique (car adapté à des climats tempérés et peu exigeant quant à ses conditions de vie). Les parcs zoologiques financent aussi des programmes de recherche sur l'espèce dans son habitat naturel.

1 (15117)Le 13/01/2019.

Au Zooparc de Beauval : depuis 2007, un grand groupe - mais dont la taille a diminué ces dernières années suite à un certain nombre de transferts vers d'autres parcs - dispose d'un bassin surmonté d'un enclos pentu, de nombreux terriers et des boîtes y ont été aménagés afin de faciliter leur nidification. Le système de filtration de leur bassin a été changé à l'automne 2020. Quelques individus sont ou ont été assez connus comme la femelle SENNA, éclose le 03/05/1996 et morte à la fin de l'année 2021, qui fut la doyenne du groupe.

Reproduction : oui (en moyenne une vingtaine de jeunes chaque année), par exemple :

  • 26 sur la saison 2007-2008 (source : Zootierliste) ;
  • 20 au 1er trimestre 2010 ;
  • 24 en 2011 ;
  • 7 en 2013 (source : Zootierliste) ;
  • 7 en 2014 (source : Zootierliste) ;
  • 22 durant la saison 2015-2016 ;
  • 23 début 2017 ;
  • 11 en début d'hiver 2017-2018 ;
  • 1 le 15/02/2018, 1 le 17/02/2018, 1 le 05/04/2018, 1 le 10/04/2018, 1 autre au printemps 2018, 1 le 28/06/2018, 2 dans l'automne 2018, 1 le 12/12/2018 ;
  • 11 en mai 2019 ;
  • 9 en fin d'automne 2019 ;
  • 10 au printemps 2020 ;
  • 1 en début d'été 2020, 6 à l'automne 2020, 6 en fin d'automne 2020 ;
  • 3 en fin d'automne 2021, des éclosions à l'hiver 2021-2022 (nombre indéterminé), puis 1 au printemps 2022 ;
  • 1 entre mi-septembre et mi-octobre 2022, puis 2 en fin d'automne 2022 ;
  • 1 au printemps 2023.

Evidemment, les transferts avec d'autres parcs zoologiques ne sont pas rares pour éviter la consanguinité, par exemple :

  • 24 Manchots (10 mâles et 14 femelles) ont été transférés au Zoo d'Emmen (Pays-Bas) au début de l'année 2019 ;
  • 2 mâles et 3 femelles transférés au Zoo d'Hoyerswerda (Allemagne), 1 mâle et 2 femelles au Zoo de Kosice (Slovaquie) et 4 femelles au Parco Faunistico Le Cornelle (Italie) en fin de printemps 2020 ;
  • 28 (13 mâles et 15 femelles) ont été transférés au Zoo de Chiang Mai (Thaïlande) en début d'été 2023...

Le savez-vous ?

  • Le Manchot de Humboldt doit son nom à Alexander Von Humboldt (1769-1859), explorateur et naturaliste allemand qui visita - entre autres - l'Amérique du Sud ;
  • Dans son habitat naturel, son existence dépend d'un courant froid dit le courant... de Humboldt, qui remonte le long de la côte Ouest de l'Amérique du Sud depuis l'Antarctique jusqu'à la latitude de l'Equateur ; certaines de ses colonies sont localisées dans des milieux très hostiles, parmi lesquels le désert d'Atacama hyperaride et aux températures extrêmes ;
  • il a quelques cousins proches sur les côtes d'Amérique du Sud, le Manchot de Magellan surtout présent du côté atlantique (mais qui partage quelques colonies avec lui au Sud du Chili), et le Manchot des Galapagos dans les îles du même nom; le Manchot du Cap sud-africain est assez proche de lui ;
  • les taches noires qui sont disséminées sur son ventre et sa poitrine varient d'un individu à un autre, et leur servent de système de reconnaissance visuelle !
  • Un poussin Manchot de Humboldt peut mettre jusqu'à 3 jours pour sortir de son oeuf ;
  • Plusieurs zoos (dont celui de Beauval !) ont vu des couples homosexuels se former chez cette espèce, et même couver des oeufs abandonnés par leurs parents biologiques (curieusement, l'on attribue aussi à l'explorateur Humboldt des liaisons homosexuelles...) ;
  • Au Japon, un Manchot de Humboldt échappé d'un parc aquatique a vécu 82 jours à l'état libre dans la baie de Tokyo avant d'être repêché (en bonne santé) par les gardiens.
  • un autre représentant de cette espèce a été trouvé... en Alaska, mais il est probable qu'il n'y soit pas arrivé par ses propres moyens, et qu'il ait voyagé sur un bateau depuis l'Amérique du Sud (transporté volontairement par les marins ou bien en tant que "passager clandestin").
  • la langue du Manchot de Humboldt est dotée d'épines qui lui permettent de saisir ses proies ;
  • les Péruviens le nomment "pajaro-niño" soit littéralement "l'oiseau-bébé" à cause de sa taille et de son allure qui rappellent la démarche d'un jeune enfant.

1 (2114)Le 21/02/2015.

Publicité
Publicité
Commentaires
E
Le manchot, notre animal préféré :) Un regard et une attitude tellement attendrissants <3
Répondre
Zootographe - Blog non-officiel du Zooparc de Beauval
Zootographe - Blog non-officiel du Zooparc de Beauval

Bienvenue dans Zootographe, un blog photo dédié au Zooparc de Beauval, un parc animalier dans lequel je me rends régulièrement. Ceci N'EST PAS un blog officiel de ce parc.

Publicité
Newsletter
Publicité