Le Jaguar

Le mâle MIGUEL, le 17/01/2016.

Nom scientifique : Panthera onca

Classe : Mammifères

Ordre : Carnivores

Famille : Félidés

Description : félin de grande taille, au pelage tacheté (et parfois noir) mais plus massif que le Léopard (avec lequel il est souvent confondu) ; la fourrure est plus claire (presque blanche) sur les parties inférieures. Les taches de sa fourrure sont assez grandes, en forme de rosette aux lignes épaisses et garnies de points noirs au centre, elles ont tendance à former des rayures sur le cou, de simples points sur la tête et la queue. Tête courte et arrondie.

Il existe des Jaguars noirs, qui forment environ 6% de la population sauvage, et que l'on peut voir assez régulièrement dans des parcs zoologiques (dont Beauval !). Comme chez les Panthères noires, les taches restent visibles quand on les regarde attentivement.

L'on trouve aussi des Jaguars au pelage blanc (comme chez les Lions, les Tigres...) mais sont extrêmement rares.

Tête robuste, arrondie et courte, et mâchoire extrêmement puissante. Oreilles rondes, de couleur noire (avec une tache blanche au milieu pour les individus tachetés). Pupille ronde.

La femelle est plus petite que le mâle, de l'ordre de 10 à 20%.

MIGUEL, le 07/04/2014.

Longueur (corps) : 1,4 à 1,85 m (mâle) ; 1,12 à 1,7 m (femelle).

Longueur (queue) : 55 à 65 cm (mâle) ; 43 à 60 cm (femelle).

Hauteur (au garrot) : 68 à 76 cm.

Poids : 56 à 102 kg (mâle) ; 41 à 72 kg (femelle). Le poids est très variable d'un individu à un autre, et en fonction des zones géographiques et de l'environnement : les Jaguars ont tendance à être plus petits dans les milieux boisés et au Nord de leur aire de répartition, plus grands au Sud et dans les espaces plus ouverts (les plus grands fréquentant la plaine marécageuse du Pantanal brésilien). Le plus lourd individu connu pesait 158 kg, les plus petits des adultes à peine 36 kg.

Durée de vie : 12 à 16 ans (dans la nature) ; 23 ans (en captivité).

MIGUEL, le 27/02/2014.

Aire de répartition : Amérique centrale et du Sud, du Mexique au Nord de l'Argentine et au Paraguay, incluant la Guyane française. Autrefois il vivait dans le Sud-Ouest des Etats-Unis mais il en a disparu en tant que résident permanent (quelques spécimens originaires du Mexique sont cependant signalés de temps à autre).

Habitat : forêt tropicale, généralement humide.

Comportement : le comportement de ce félin est plus proche de celui du Tigre (dont il occupe la niche écologique en Amérique) que de celui de la Panthère.

C'est un prédateur qui chasse à l'affût depuis la végétation ou même l'eau, pouvant s'attaquer à un animal de plus de 300 kg comme un Taureau. Le plus souvent, il met à mort ses proies en frappant avec ses crocs leur crâne, parfois aussi leurs vertèbres (caïmans) ou leur carapace (tortues). Quand il s'attaque aux Tortues, il vide leur chair après avoir fissuré ou brisé leur carapace.

Ses griffes l'aident à maintenir ses proies prisonnières avec ses pattes arrière, tandis qu'il les étouffe avec ses pattes avant.

Quant il a capturé une proie, il commence par lui manger le cou et le thorax (coeur, poumons, épaules).

Un Jaguar consomme 1,4 à 2 kg de viande en moyenne, mais peut ingurgiter jusqu'à 25 kg de viande à la fois, ce qui n'est pas très rare dans la nature (capture de grosses proies au milieu de périodes de disette).

Il est très habile à l'escalade, à l'exploration et à la natation. Il joue un rôle important dans la régulation des écosystèmes en limitant la prolifération des proies.

Les jeunes mâles ont un comportement nomade, jusqu'à ce qu'ils parviennent à revendiquer un territoire propre.

Il est solitaire et territorial. Les adultes se réunissent seulement pour les besoins de la reproduction. Les territoires des femelles peuvent se chevaucher, mais le plus souvent elles essaient de s'éviter. Ceux des mâles sont 2 fois plus grands (et recouvrent les territoires de 2 ou 3 femelles), ils ne se chevauchent jamais entre eux. Les Jaguars marquent leur territoire avec des dépôts d'urine et d'excréments. Les tailles des territoires sont très variables en fonction de l'abondance des proies : au Mexique, 100 à 190 km² pour un mâle, dans le Bassin de Cockscomb (Belize), 33 km² pour un mâle et 10 km² pour une femelle.

Les mâles combattent rarement entre eux, même pour l'accouplement, et préfèrent les comportements d'évitement. En général, ce n'est que pour le territoire qu'ils se combattent.

Ils émettent de nombreux cris : rugissements (plus forts chez les mâles que chez les femelles, parfois échangés entre plusieurs individus), toux, appels brefs et profonds, miaulements, grognements, grondements, soufflements.

C'est surtout à l'aube et au crépuscule que les Jaguars sont actifs. Aux heures les plus chaudes, ils préfèrent se reposer à l'ombre ou bien dans l'eau, même s'ils chassent parfois. Au total ils sont actifs pendant 50 à 60% de la journée, ce qui est beaucoup pour un félin. Un mâle peut parcourir 2,5 km² par semaine.

Alimentation : carnivore, 87 espèces animales ont été recensées à son menu : cerfs, serpents, capybaras, tapirs, pécaris, caïmans, mais aussi de plus petites espèces telles que des grenouilles, poissons, paresseux, singes, tortues, et même des oeufs et de la charogne.

Il s'attaque au bétail (ce qui est à l'origine de conflits avec les éleveurs) et aux chiens, mais très rarement aux humains.

Les Jaguars peuvent se reproduire toute l'année, dans la nature comme en captivité.

La femelle en chaleur émet des appels pour attirer les mâles. Les accouplements sont brefs mais fréquents (jusqu'à 100 par jour).

La vie du couple est brève, celui-ci se sépare après la reproduction, la femelle élevant seule ses petits.

La gestation dure 91 à 111 jours, il y a 2 à 4 petits par portée (le plus souvent 2), qui pèsent de 700 à 900 g à la naissance. Ils naissent aveugles et ouvrent les yeux à 2 semaines. A la naissance, ils ont généralement le pelage brun clair avec des mouchetures noires (pour les individus tachetés, comme on peut le voir sur cette page).

La mère ne tolère pas la présence des mâles après la naissance des petits, par crainte du cannibalisme.

Les jeunes sont sevrés à 5 mois, ils continuent à rester avec leur mère pendant 1 à 2 ans pour apprendre à chasser.

Le répertoire vocal des jeunes est quasiment complet à l'âge de 1 an.

LAETICIA et ses petits, le jeune mâle KUMAL (tacheté) et sa soeur (noire). Photo prise le 19/04/2013.

Statut IUCN : quasi-menacé

Menaces et protection : l'espèce est en déclin, principalement du fait de la destruction de son habitat et des persécutions organisées par les éleveurs de bétail. Bien qu'il ait disparu de plusieurs régions (le plus souvent en marge de son aire de répartition et de son milieu de vie optimal : Sud-Ouest des Etats-Unis, prairies de l'Est du Brésil et de l'Argentine...), il reste toutefois assez abondant dans une grande partie de son aire de répartition.

Son rôle est important pour les écosystèmes puisqu'il contribue à éviter les proliférations de certaines espèces animales, notamment parmi les herbivores.

Le commerce des Jaguars et de ses produits dérivés (peaux, fourrures...) est interdit (espèce classée à l'annexe I de la Convention de Washington ou CITES).

Les Jaguars sont assez couramment élevés dans les parcs zoologiques à travers le monde (102 zoos en élèvent sur le seul continent européen, dont 11 parcs français ; source : Zootierliste, données de sept. 2020), à des fins d'élevage conservatoire et d'éducation et de sensibilisation des populations. En Amérique latine, ils sont également recueillis et présentés dans des centres de sauvetage et de réhabilitation de la faune sauvage.

Le Zooparc de Beauval soutient un programme de protection des Jaguars dans le parc national d'Iguaçu, dans le Sud du Brésil. Il s'agit d'une des régions où les Jaguars sont devenus rares, car située en marge de leur aire de répartition, dans un secteur (région de la "Forêt atlantique") où la pression des activités humaines est ancienne et forte. Le projet est basé sur le suivi comportemental et alimentaire des Jaguars, l'étude de leurs relations avec les humains et la sensibilisation des populations locales.

Au Zooparc de Beauval : un couple formé du mâle MIGUEL (au pelage tacheté) et de la femelle LAETICIA (à la fourrure noire) occupe un enclos de la Fauverie, avec leurs petits quand ils en ont. Il peut arriver que d'autres enclos de cette partie du zoo accueillent ces derniers lorsqu'ils sont adolescents, avant le transfert vers d'autres établissements. Reproduction : fréquente :

• 1 femelle née le 07/07/2008 ;
• 2 le 24/11/2009 dont 1 mort en bas âge, le survivant est une femelle ;
• 2 noirs le 03/02/2011 dont 1 mort en bas âge, le survivant est un mâle ;
• 3 noirs le 09/04/2012 ;
• 3 le 24/03/2013 (1 mâle tacheté nommé KUMAL et 2 noirs dont l'un est mort en bas âge, le petit survivant est une femelle) ;
• 1 femelle noire nommée FAYA le 17/04/2014, transférée au Zoo de Martinique au printemps 2015, où elle a eu un petit (la femelle NAYA) née le 21/01/2017 et un deuxième en septembre 2018 ;
  
• 1 femelle tachetée nommée KUMALI le 15/12/2015, morte en bas âge courant février 2016 ;
• 1 noir le 15/10/2016, mort peu de temps après en novembre 2016.

Petit KUMAL âgé de moins d'un mois (photo du 19/04/2013).

Le savez-vous ?

• sa puissance de morsure est exceptionnelle, ce qui lui permet de percer les os, les crânes, ainsi que les carapaces des reptiles (y compris les tortues) ;
  
• sa technique de mise à mort (voir ci-dessus) est peut-être une adaptation à une alimentation à base de tortues et autres reptiles à peau coriace, suite à l'extinction d'autres proies aux temps préhistoriques (Pleistocène) ;
• il est tellement fort qu'il peut hisser une carcasse de vache jusqu'au sommet d'un arbre ;
• son allure massive et trapue est une adaptation à son milieu de vie, où prédomine une végétation très dense (ce qui fait privilégier les techniques de chasse à l'affût au détriment de la course) ;
• ses capacités de chasseur sont considérées comme inégalées, à la fois aux yeux des peuples autochtones et à ceux des chercheurs ;
• il a joué un rôle très important dans les mythologies précolombiennes notamment celles des Mayas et des Aztèques ;
  
• dans la nature, le Jaguar est réceptif à la Cataire (Nepeta cataria) ou herbe-aux-chats, une plante qui produit un effet aphrodisiaque sur les Chats domestiques et d'autres félins ;
• le Jaguar est classé parmi les grands félins qui comprennent le genre Panthera (Lions, Tigres, Panthères...) ainsi que la Panthère nébuleuse Neofelis nebulosa ; ce groupe se serait séparé des autres félins (Chats, Lynx, Guépards...) il y a 6 à 10 millions d'années, le genre Panthera s'étant individualisé plus tard, entre -2 et -3,8 millions d'années ;
• aux temps préhistoriques, plusieurs espèces de félins avaient des traits communs au Lion et au Jaguar, comme le "Jaguar européen" (Panthera gombaszoegensis) et le "Lion américain" (P. atrox). Les ancêtres du Jaguar contemporain ont atteint l'Amérique depuis l'Asie, en franchissant le détroit de Béring ;
• il a existé une espèce (ou sous-espèce?) géante de Jaguar dans les Amériques (Panthera [onca] augusta) apparue il y a 1,8 million d'années et disparue il y a 100.00 ans. Des fossiles en ont été trouvé depuis l'Etat de Washington (Nord-Ouest des Etats-Unis) jusqu'au Brésil et au Chili ;
• comme chez le Lion, le nombre de sous-espèces est mal connu et les anciennes classifications qui reposaient sur des critères morphologiques sont devenues obsolètes. Aujourd'hui on considère qu'il n'y a pas de sous-espèces chez les Jaguars mais des variations en fonction des climats et des environnements, et que les flux génétiques sont localement limités par des obstacles comme l'Amazone ou la cordillère des Andes ;
  
• ses taches lui servent à se cacher dans son habitat de prédilection, la forêt tropicale. Il en est de même pour le pelage noir porté par certains individus ;
• aussi étonnant que cela puisse paraître, il existe des Jaguars albinos.